On commence à comprendre et à connaître le président Macron. Avec lui, tout est affaire de symboles. Figurez-vous que l’interview du Point est publiée trois ans jour pour jour après sa première interview, dans le Point justement, avant qu’il ne devienne ministre et démarre à partir de Bercy sa conquête politique. Ensuite, si on prend la formule (qui fait beaucoup réagir) sur les jeunes plus pauvres que les retraités, il faut savoir que ce sujet est le déclencheur de son action politique. Il y a dix ans, Emmanuel Macron, dans le cadre de la commission Attali, travaillait sur les baby-boomers et disait exactement la même chose dans un dossier publié par… Le Point !
À l’époque, on lisait : "Un inspecteur des finances, Emmanuel Macron, raconte que...". Le Président dit aujourd’hui exactement la même chose que ce que disait l’inspecteur des finances il y a dix ans. Ce n’est pas le cas de tous les hommes politiques qui en général naviguent à vue et changent d’avis comme de sondages. Il disait à l’époque que la génération intermédiaire allait morfler, et il est aujourd’hui dans une sorte de revanche générationnelle.
Dans cet entretien, il n’arrête pas de répéter "ça fait trois décennies", "ça fait 30 ans"… On perçoit ainsi une grande sévérité et une grande violence dans ces propos. C’est radical, et je pense que nous ne sommes qu’au début des décisions et transformations douloureuses. Il n’a pas du tout envie que les choses restent en l’état, et d’ailleurs celui qui l’a compris, c’est Jean-Claude Mailly, qui n’arrête pas de répéter à longueur d’interviews : "Attention, on n’a encore rien vu, bientôt la réforme de l’assurance-chômage, et les choses deviendront encore plus difficiles".
Cette interview, ce n’est pas seulement un vivier d’éléments de langage, comme le disent beaucoup de députés et de militants LREM. C’est la doctrine dans laquelle on va puiser régulièrement.