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Gérald Darmanin accusé de viol

Henri Guaino est revenu ce lundi sur les accusations de viol portées contre Gérald Darmanin.

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Je voulais d'abord consacrer ma chronique à la petite phrase prononcée par Donald Trump - "L'Amérique d'abord, mais pas l'Amérique seule" - mais en entendant des associations féministes réclamer le départ de Gérald Darmanin, je me suis dit que le sujet méritait d'être traité dès maintenant.

Ce qu'il se passe aujourd'hui est assez invraisemblable mais c'est devenu courant. Quelqu'un porte plainte et la justice ouvre une enquête préliminaire, qui, comme son nom l'indique, est une enquête qui a pour but de savoir si oui ou non il y a matière à poursuivre. Je ne me prononce pas du tout sur le fond de l'affaire, je ne connais pas cette dame (qui accuse Darmanin), je ne sais pas ce qu'il s'est passé et j'ignore si elle a tort ou raison. Elle avait déjà déposé une plainte il y a un an, elle n'a pas répondu aux convocations de la justice lors de l'enquête préliminaire et l'affaire a été classée sans suite. La voila qui revient donc pour des faits très anciens avec une nouvelle plainte et la justice ouvre une nouvelle enquête préliminaire. Il est assez invraisemblable que dans le monde d'aujourd'hui, il suffit d'ouvrir une enquête préliminaire, sur une accusation dont on ne connaît pas le bien fondé, pour réclamer la tête d'un ministre ou d'ailleurs de n'importe qui. La réputation de celui qui est accusé s'en trouve ébranlée et si, en plus, on détruit sa carrière pour des raisons, dont on ignore encore si ce sont des bonnes ou des mauvaises, on arrive à une situation absolument intenable pour la démocratie et même pour l'État de droit. Et c'est quelque chose qui se multiplie aujourd'hui. On demande aux ministres de partir lorsqu'ils sont mis en examen, alors que cela ne signifie pas que l'on est condamné et encore moins que l'on est coupable de quoi que ce soit. Cela signifie simplement que le juge a une présomption, qu'il a assez d'éléments dans son dossier pour envoyer la personne devant un tribunal. La raison principale du départ d'un ministre dans ces cas-là, c'est qu'il ne peut pas assurer à la fois sa défense - on l'a bien vu avec l'affaire Woerth - et sa fonction ministérielle.

Il faut réfléchir très sérieusement à tout cela. La question de la dénonciation calomnieuse est posée. Tout le monde doit être à armes égales. N'importe qui peut porter plainte, c'est le droit de tous citoyens, mais tous citoyens a le droit de se défendre contre des plaintes infondées. Aujourd'hui, c'est au maximum 5 ans de prison et 45 000 euros d'amende pour celui - ou celle - qui est condamné pour "dénonciation calomnieuse". On atteint très rarement cette sévérité et on a des peines qui sont souvent légères, trop légères. Il faut absolument durcir la dénonciation calomnieuse et probablement y mettre une peine incompressible parce qu'il faut que chacun prennent bien ses responsabilités. La dénonciation calomnieuse, ce n'est pas une chose que l'on peut traiter avec désinvolture, ça n'est pas gratuit, cela a des conséquences sur la vie de ceux qui sont ainsi calomniés, des conséquences bien plus grandes encore que la diffamation, l'injure etc...

Il faut donc absolument remettre de l'ordre dans notre État de droit, sinon il ne sera plus possible de gouverner. On a déjà eu ce débat à propos de l'immunité du président de la République. Imaginez qu'on la supprime, il ne sera plus possible de gouverner le pays parce que vous ne serez plus à l'abri de toutes les dénonciations possibles qui, pour de bonnes ou de mauvaises raisons, vont pleuvoir sur le chef de l'État. La pétition qui demande le renvoi de Darmanin est honteuse sur le plan moral et juridique. On peut être féministe, défendre la cause des femmes et la liberté de parole mais condamner quelqu'un avant même que l'enquête préliminaire n'ait eu lieu - dans le cas en plus présent qui est relativement discutable - revient à sortir de l'État de droit et entrer dans une forme de tyrannie de l'opinion, de tous les calomniateurs et de tous les délateurs.

C'est une société que je ne souhaite pas à mon pays.

>> L'intégralité de la chronique est disponible en podcast

 

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