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Grève dans les Ehpad : il est grand temps de se poser les vraies questions

La grève dans les Ehpad révèle une situation profondément choquante et qui dure pourtant depuis des années.

crédit d'impôt
Un crédit d'impôt simplifié pour les services à la personne. (c) AFP

Le moins qu’on puisse dire, c’est que dans ce domaine-là, il fallait libérer la parole. Les témoignages ne font que rappeler la triste vérité : nous laissons nos vieux décrépir, nous ne reconnaissons pas le travail de ceux qui sont chargés de s’occuper d’eux, et à qui les obligations de rentabilité imposent un rythme qui conduit à des traitements indignes. Alors, c’est vrai, nous préférons ne pas en parler. Parce que personne ne veut se projeter dans sa propre fin de vie, se voir lui-même un jour dépendant. Nous pratiquons le déni collectif. Mais ces personnes abandonnées, infantilisées, ce sont des gens comme nous, des gens qui ont vécu, qui ont eu des responsabilités, qui méritent qu’on leur parle comme à des adultes et qu’on les aide à ne pas sombrer, à ne pas devenir encore plus dépendants. Seulement, après l’indignation et l’émotion, il serait temps de poser les questions qui fâchent.

La première, c’est qui va payer ? Jacques Chirac avait commencé à mettre le sujet sur le tapis, Nicolas Sarkozy et François Hollande l’ont enterré. L’idée était de créer une cinquième branche à la Sécurité sociale. Mais dans un pays déjà champion des prélèvements, personne ne veut financer. Pourtant, l’augmentation de la CSG devrait servir à ça. Et puis, certains pensent qu’il faudrait imaginer des assurances privées obligatoires, liées au multirisque habitation. Mais on pourrait aussi regarder du côté des pays scandinaves, qui ont reculé l’âge de la retraite et abaissé les pensions pour financer la dépendance et qui bénéficient d’un encadrement de bien meilleure qualité. Bref, il faut avoir un débat national pour déterminer tous ensemble ce que nous sommes prêts à faire, sans déni, sans lâcheté.

En-dehors de la seule question du financement, il y a aussi une réflexion à mener sur le quotidien des personnes âgées. La nourriture, par exemple. La restauration collective devrait être totalement repensée. C’est la condition du maintien en bonne santé, du bien-être, et même de la dignité. À l’hôpital, dans les Ehpad, nous supportons que des gens se laissent mourir de faim parce qu’on leur sert des choses infâmes, parce qu’on délègue ça à des multinationales qui font du chiffre, parce qu’on met en place des normes d’hygiène idiotes qui interdisent à des vieux de manger les légumes qu’ils cultivent dans des potagers ou d’avoir des œufs frais, sous prétexte que la coquille pourrait porter des germes. Là aussi, il faut un plan national pour le bien manger.

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