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La France et l'Europe lourdement à la traîne sur l'intelligence artificielle

Cédric Villani vient de rendre au gouvernement son rapport sur l’intelligence artificielle. En quoi est-ce un enjeu ? D’abord un petit rappel. Ce qu’on appelle intelligence artificielle, c’est l’utilisation de calculs mathématiques pour traiter des données et en tirer des mécanismes aussi variés que des publicités ciblées, des études médicales à grande échelles, des voitures […]

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Cédric Villani vient de rendre au gouvernement son rapport sur l’intelligence artificielle. En quoi est-ce un enjeu ? D’abord un petit rappel. Ce qu’on appelle intelligence artificielle, c’est l’utilisation de calculs mathématiques pour traiter des données et en tirer des mécanismes aussi variés que des publicités ciblées, des études médicales à grande échelles, des voitures autonomes ou des robots capables d’accomplir toutes sortes de tâches jusque là dévolues à des êtres humains. Et de fait, sur le sujet, nous avons pris un sacré retard. C’est sans doute la dimension majeure du rapport de Cédric Villani : il ose écrire la triste vérité, nous sommes une colonie numérique des États-Unis. Nous en sommes à faire appel aux Gafa pour équiper nos écoles et même nos structures de renseignement.

Certains disent que c’est parce que nous avons mis des barrières et des limitations quand les Américains laissaient au contraire s’épanouir leurs entreprises en toute liberté. Arrêtons ! Ce n’est pas parce que nous avons la CNIL en France que nous n’avons pas l’équivalent de Google ou Facebook. Les restrictions que nous imposons sur le traitement des données personnelles relèvent d’une conception européenne de la défense des libertés et de la vie privée, et ce n’est pas en adoptant les critères américains que nous nous émanciperons. D’autant que les Chinois ont réussi, eux, à se créer des géants en contrôlant totalement leurs entreprises. Mais eux, ils investissent massivement : 22Mrds par an, et ils envisagent de passer à 60. Pour les Etats-Unis, c’est pareil. La réussite vient du fait qu’ils ont constitué des monopoles à coup de règles fiscales complaisantes et d’investissement de l’Etat. En 2015, Barack Obama expliquait que l’Etat fédéral devrait mettre 80 Mrds sur la table. On est dans une guerre économique, la grande guerre du futur, et les Européens sont des nains.

A-t-on le temps de ratrapper ce retard ? Il est déjà très tard. Mais il faut en tout cas quatre facteurs : d’abord un environnement légal et fiscal qui empêche nos start-up d’être rachetées par les Gafa dès qu’elles atteignent une taille critique. Une formation performante, et là, tout est à reconstruire, Cédric Villani l’a montré dans son autre rapport, celui sur l’enseignement des mathématiques. Un assouplissement des règles qui brident nos chercheurs et les enferment dans la bureaucratie. Enfin, un investissement massif de l’Union Européenne, de l’ordre de 30Mrds. Sinon, l’Union aura prouvé qu’elle ne sert vraiment qu’à contourner la démocratie, détruire les industries, mais pas protéger.

>> L'intégralité de la chronique est disponible en podcast

 

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