Vouloir approfondir la collaboration entre les pays qui le veulent, fonctionner par cercles concentriques, comme le veut Emmanuel Macron, vouloir une Europe qui innove tout en protégeant, qui lutte contre l’optimisation fiscale des grands groupes du numérique, tout cela est formidable ! Mais de quoi parlons-nous exactement ? Dans l’état actuel des traités européens, cette Europe des cercles concentriques est inenvisageable ! Il faut alors assumer de remettre en cause l’Union européenne telle qu’elle existe.
L’Allemagne refuse ce qui constitue le cœur du projet d’Emmanuel Macron. L’idée d’un renforcement de la zone euro pour essayer d’y introduire un pilotage commun avec un ministre des Finances, un budget et un Parlement, l’Allemagne n’en veut pas ! Et pourtant, il n’y a pas de souveraineté européenne (celle dont parle Emmanuel Macron) sans une solidarité qui se traduit par une redistribution. Mais justement, les Allemands ont d’ores et déjà annoncé qu’ils n’avaient aucune intention de verser un centime pour financer la consommation de ceux qu’ils estiment totalement dépensiers. Peut-on concilier l’idée de cercles concentriques et celle d’une intégration proche du fédéralisme ? C’est quand même très compliqué…
Mais il n’y a pas que le budget dans ce projet de souveraineté européenne, il y a aussi la défense. Et là, on s’interroge. La destruction de notre industrie (en particulier la perte d’Alstom) implique que nous sommes désormais dépendants des États-Unis pour renouveler notre matériel militaire. C’est pourtant Emmanuel Macron, secrétaire général de l’Élysée et ministre de l’Économie, qui a validé la grande braderie de notre industrie. On peut toujours parler de défense commune : c’est du faux-semblant sans une industrie solide. Du coup, il ne reste plus qu’Erasmus, la culture européenne, etc. Ça fait de très beaux discours, en tout cas pour les commentateurs français.
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