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"L'Amérique d’abord" : pourquoi Donald Trump n’a pas forcément tort

Les remous provoqués par la célèbre phrase invoquée par Donald Trump, qu’il a répétée au Forum Économique Mondial de Davos, sont symptomatiques de notre époque actuelle.

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Ce n’est pas tant de Donald Trump dont je voudrais parler mais de sa phrase "L’Amérique d’abord, mais pas l’Amérique seule", qu’il a prononcée au forum de Davos. Il ne s’agit pas d’analyser à travers celle-ci l’action de Donald Trump, car il confond souvent les deux termes, poussant l’unilatéralisme et la suprématie de la super-puissance américaine parfois jusqu’à la caricature. Il n’a pas tellement tenu compte des autres jusqu’à présent, ni sur l’Iran, ni sur le climat, ni sur Jérusalem, ni sur la régulation financière, ni sur la Syrie, etc. Mais la formule est juste et nous fait réfléchir sur le monde dans lequel nous vivons.

Son pays d’abord. Ça n’a rien d’étonnant mais ça finit par prendre une allure bizarre dans le monde d’aujourd’hui. Un président de la République, un chef d’État ou de gouvernement est d’abord mandaté pour servir les intérêts de son pays, et le reste vient après. Nous vivons dans un monde où à force d’universalisme, on finit par oublier parfois pourquoi on dispose d’un mandat, pourquoi on gouverne, pourquoi on est à la tête d’un pays. Le pire est de sacrifier son pays, ses emplois, sa sécurité, sa cohésion et son indépendance au nom des soi-disant intérêts de l’humanité. Entendons-nous bien : toutes les nations ont une responsabilité vis-à-vis de la planète et de l’humanité. Nous sommes évidemment habitants de cette planète et participants de cette humanité, mais sacrifier tout son pays à l’humanité, c’est sacrifier ce pourquoi on est élu. Le climat, la pollution, ça nous concerne. La paix dans le monde, la piraterie, le développement, ça nous concerne. Mais la religion des Droits de l’Homme, d’une idée unique de la démocratie, de la concurrence et du libre-échange, bref, tout ce qui transforme les idées politiques en religion finit dans la croisade. Et la croisade, c’est peut-être la recherche du salut pour soi, mais c’est rarement la recherche du salut pour les autres.

Souvent, les chefs d’État et de gouvernement sacrifient à l’universalisme non par sagesse mais pour soigner leur propre image, leur bonne conscience, et valoriser leur personne et leur réputation mondiale. Mais on prend ainsi le risque de rompre l’équilibre qui se crée naturellement lorsque chacun défend raisonnablement sa propre nation. Il faut trouver la voie entre le nationalisme et l’universalisme béat, comme il faut la trouver entre l’égoïsme et les bons sentiments. C’est une questions de limites et même de raison. On ne peut plus imposer à tout le monde la même idée des Droits de l’Homme. Se fait-on justicier ? Ça finit toujours mal… On ne vend plus d’armes à personne ? Mais du coup on laisse les terroristes les acheter aux trafiquants ? Les exemples sont nombreux.

Nous ne sommes pas seuls au monde, personne ne l’est et ne l’a jamais été. On n’exerce pas longtemps sa souveraineté tout seul. C’est justement parce qu’on n’est pas seul au monde qu’il faut fixer des limites sans jamais oublier le mandat pour lequel on est investi. Non à la realpolitik, mais non aussi à l’idéalisme béat qui accouche à la fois de l’impérialisme et des désordres à l’intérieur de son propre pays. Quand vous sacrifiez les intérêts de votre propre pays, votre peuple le rejette et finit par se révolter.

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