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Le calcul du budget, entre fausses promesses et casse-tête temporel

Si le gouvernement Philippe a annoncé son intention de faire de grosses économies, l’histoire récente nous pousse à être prudent sur de telles promesses.

Ministère de l'Économie (©Loïc Venance - AFP)

Le gouvernement veut faire de très grosses économies. Le ministère du Budget a calculé que pour tenir cette promesse, il faudrait que le gouvernement dépense 20 milliards d’euros en moins en 2018 par rapport à 2017. Enfin, ce n’est pas tout à fait exact et c’est là toute la difficulté de l’exercice que je vais tenter de vous expliquer.

Ce dont il est question ici n’est pas tant de dépenser moins dans l’absolu d’une année sur l’autre, mais de dépenser autant sans se laisser entraîner par l’inflation et le dérapage naturel de certains budgets qui dépassent tous les ans les prévisions réalisées. Ça peut paraître simple à dire comme ça, mais dans les faits c’est déjà un gros effort. On a vite oublié qu’en 2014, un certain François Hollande et son ministre de l’Économie d’alors, Michel Sapin, avaient déjà promis de faire baisser les dépenses de l’État de 50 milliards d’euros en trois ans. En fait, il y avait un truc : il n’avait pas vraiment l’intention de réduire les dépenses publiques mais simplement d’en contenir la propension naturelle à gonfler d’une année sur l’autre…

Pour être tout à fait complet et sincère, la Cour des comptes cherche encore ces fameux 50 milliards d’euros de dépenses en moins sur trois ans, car les comptes publics ont été pas mal tripatouillés ces derniers temps, notamment à des fins électoralistes.

Jusqu’à présent, la dépense publique et son évolution étaient analysées, suivies, décortiquées à partir des chiffres communiqués par le ministère du Budget et par celui de l’Économie et des Finances. Des données dans lesquelles les magistrats de la Cour des comptes ont trouvé près de 9 milliards d’euros d’arrangements comptables – pour ne pas dire de tricherie – rien que pour l’année 2017 en cours. Pour en finir avec ces tripatouillages, Emmanuel Macron a décidé que ce seront désormais les chiffres de l’Insee – institut en théorie indépendant, mais public tout de même – qui serviraient à évaluer si la promesse a été tenue d’une année sur l’autre.

On est tenté d’applaudir des deux mains, sauf qu’il y a un petit défaut à vouloir se servir des chiffres de l’Insee ! Ceux-ci sont en effet calculés ET paraissent toujours avec du retard. Certaines études statistiques rendues publiques aujourd’hui portent en effet sur les années 2013 ou 2014. Depuis, de l’eau et un Président sont passés sous les ponts. Dans le cas présent, on nous promet des chiffres en mars 2019 pour le budget de l’année 2018, mais encore seront-ils partiels et incomplets. Il sera alors aisé de les contester ou bien de raconter une histoire, d’autant qu’entre-temps un nouveau budget (celui de l’année 2019) aura déjà été voté plusieurs mois auparavant et mis en application depuis le début de l’année !

Il n’empêche, il y a un chiffre qui, lui, ne ment pas : celui de la dette publique. Elle pourrait passer le cap des 100% du PIB l’année prochaine ou la suivante. Et ça, on va en entendre parler longtemps, c’est moi qui vous le dis.

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