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Le débat des prétendants au poste de Premier secrétaire du PS avait un côté lunaire

Natacha Polony revient aujourd'hui sur le débat télévisé de la veille entre les 4 prétendants au poste de Premier secrétaire du PS.

Les quatre candidats au poste de Premier secrétaire du Parti socialiste ont-ils convaincu les Français que le parti avait encore quelque chose à leur dire, lors du débat télévisé d'hier soir ?

Il faut quand même reconnaître que tout ça avait un côté lunaire. On avait quatre quasi-inconnus. Stéphane Le Foll a bien une petite notoriété d'ancien ministre et d'unique soutien de François Hollande - au moment où plus personne ne pouvait le soutenir - mais à part lui... C'était surtout quatre hommes d'appareil biberonnés aux congrès, aux motions, aux petits arrangements et qui viennent nous faire l'éloge de la social-démocratie qui est évidemment européenne, écologiste, progressiste et bien sûr féministe, parce qu'aujourd'hui c'est obligé...  IIs sont également prêts à lutter contre les inégalités générées par la mondialisation. Bref, il ont à peu près - sauf sur des questions économiques où l'on a vu Emmanuel Maurel et Stéphane Le Foll s'affronter - la même vision du monde. Mais ce n'est pas un hasard si partout en Europe la social-démocratie s'effondre.

Alors on peut pleurer sur le populisme, dire que c'est mal et qu'il y a des méchants démagogues qui exploitent la colère des peuples, mais, de fait, si on a un tout petit peu de considérations pour ces peuples et qu'on ne les prend pas pour un ramassis d'abrutis, on se dit que c'est la social-démocratie qui a dû rater quelque chose. Qu'a-t-elle raté ? Sans doute que ceux qui l'ont portée n'ont jamais daigner affronter les contradictions qui la traversaient. On va reprendre les évidences idéologiques de nos candidats : ils sont donc contre les inégalités mais sont Européens. Ça veut dire quoi "être Européen" ? Ça veut dire "être pour l'Union européenne", mais pas celle-ci.. Non, ils sont plutôt pour une Europe sociale qu'on nous promet depuis trente ans. Mais du coup, comme ils sont Européens, il leur est totalement impensable de voter contre cette Europe-ci et donc ils cautionnent les inégalités qu'elle génère à travers la dérégulation, la concurrence généralisée...

Ils sont aussi écologistes. Mais le libre-échange, qui est promu par cette UE, interdit de préserver l'environnement puisqu'il repose sur le choix du moins-disant à travers la libre concurrence. Donc ces braves gens espèrent réformer un jour un système qu'ils acceptent parce que le pire pour eux serait d'avoir l'air anti-européen, protectionniste, contre l'ouverture... bref, dans le camp du mal. C'est de ça qu'elle crève la social-démocratie.

Ils ont tout donné, ils n'ont pas hésité à afficher leurs désaccords, il ont disserté sur l'opposition résolue, intelligente ou frontale à Emmanuel Macron mais on ne sait toujours pas ce qu'ils espèrent obtenir de plus que lui face à Angela Merkel, face à la Commission européenne, ou face aux Gafa.

>> L'intégralité de la chronique est disponible en podcast

 

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