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Le 'En même temps' d'Emmanuel Macron fait école en Europe

Pour la première fois, l'Union européenne, par la voix de Jean-Claude Juncker, a esquissé, dans un discours officiel, un début d'entorse au libre-échange. Mais qui ne pèse pas lourd face au reste de son action.

 

Le 'en même temps' d'Emmanuel Macron est en train de faire école. C’est la nouvelle formule magique qui permet de surmonter toutes les contradictions. ‘En même temps’. On va accomplir une chose et, en même temps, son contraire.

On va diminuer les APL de cinq euros, baisser les loyers d’autant et, ‘en même temps’, ne pas mettre les bailleurs sociaux en difficulté financière, tout en faisant des économies budgétaires. On va faciliter les licenciements et, ‘en même temps’, offrir plus de sécurité aux salariés.

L’Europe vient de faire sienne cette approche en la personne de Jean-Claude Juncker. Dans son discours annuel du Parlement européen sur l'état de l'Union, M. Juncker a proposé que l'Union européenne signe davantage de traités de libre-échange sur le modèle de celui signé avec le Canada, le fameux CETA et, en même temps, instaurer un système de surveillance des investissements étrangers à l'échelle communautaire.

C’est la première fois depuis la conversion libérale de l’Europe dans les années 1980 qu’une entorse au libre-échange est esquissée dans un discours officiel.

Nul continent n’a autant sacrifié au dogme de la concurrence et du libre-échange, en s'interdisant de défendre ses intérêts économiques face à toutes les prédations et tous les dumpings, agissant même parfois contre ses propres intérêts au nom de principes que personne d’autre ne respecte, avec à la manœuvre, une Commission européenne arcboutée sur un droit de la concurrence sans équivalent dans le monde, ouvrant ses marchés, mêmes publics, sans aucune contrepartie.

Elle a fait preuve de naïveté, c’est le moins qu’on puisse dire, ou d’aveuglement idéologique. Tout avait pourtant bien commencé avec la préférence communautaire appliquée à la PAC, mais aujourd'hui démantelée.

Après le Brexit, l'élection de Donald Trump sur un discours protectionniste, la montée en puissance commerciale et financière d’une Chine qui ne recule devant rien, peut-être que le discours de Jean-Claude Juncker sonne le début d’une prise de conscience que l'Europe est en passe de devenir le dindon de la farce d'une mondialisation où elle serait la seule à refuser toute protection. La proposition du président de la Commission est cependant encore bien vague et bien modeste. Surtout, elle est en contradiction avec tout ce que la Commission est en train de faire par ailleurs.

Le ‘en même temps’ ne peut pas suffire à surmonter la contradiction entre un discours sur la nécessaire protection des intérêts économiques de l’Europe et la pression exercée par Bruxelles pour faire ratifier le CETA et négocier d'autres accord du même genre.

Personne ne pourra faire l’économie d’un grand débat sur ce sujet lors de la ratification du CETA. Le ‘en même temps’ n’effacera pas le doute qui, comme dans beaucoup d'autres domaines, semble miner tout l'édifice des certitudes économiques et politiques qui nous gouvernent depuis 40 ans.

Écoutez la chronique de Henri Guaino dans le Grand Matin Sud Radio, présenté par Patrick Roger et Sophie Gaillard

 

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