Le terrorisme n'appartient ni à l'ancien ni au nouveau monde mais au monde réel. On a revu les scènes connues au sommet de l'État, à chaque fois qu'un attentat d'ampleur survient, celles de la continuité de la machine d"État : la réunion dans la cellule de crise du ministère de l'Intérieur, la déclaration du président, pour dire que la France a été attaquée et enfin la décision de l'hommage national, cette fois au gendarme Beltrame.
Il faut savoir que dès le début de son mandat, Emmanuel Macron a décidé d'installer à l'Élysée le Centre national du contre-terrorisme (CNCT) avec le préfet Pierre de Bousquet de Florian à sa tête, afin d'ordonner l'action et la lutte contre le terrorisme. Mais le problème demeure entier : il est tout simplement impossible de surveiller tout le monde. Dans le cas précis, le fait que le terroriste de l'Aude ait été dans les radars des services c'est déjà en soi un résultat. Le problème, c'est lorsque ces individus, selon une technique rodée, deviennent des dormants. La surveillance se relâche obligatoirement vers les autres priorités.
Les autorités savent donc que c’est une fatalité et qu'il y aura toujours des trous dans la raquette, ce qui est appelé par les autorités "le spectre du bas", c'est-à-dire les milliers de personnes sur le point ou en cours de radicalisation, hors prison, et dont la surveillance nécessiterait au moins 15 000 personnes supplémentaires sur le terrain. Autrement dit, c'est impossible. Des réponses ont pourtant été apportées avec le récent texte de loi adopté sur la sécurité qui a intégré des dispositifs de l'état d’urgence au droit et étendu les possibilités d'enquête, mais il est clair aussi que des choix doivent être faits pour pallier l'insuffisance en nombre des agents de renseignement.
La France est encore réticente à l'utilisation des technologies dites de police prédictive, qui avec les algorithmes affinent les surveillances et cernent les profils qui ont l'intention de passer à l'acte. Le débat la n'est pas budgétaire mais essentiel pour la protection des valeurs de nos sociétés démocratiques. Pour Emmanuel Macron, l'éducation républicaine fait partie des moyens au long cours pour éradiquer les tentations et pulsions terroristes.Le pouvoir sait que dans certaines universités, le communautarisme et les militants salariales ont pignon sur rue. Face à l'épreuve et à la menace terroriste, Emmanuel Macron doit changer son fusil d'épaule et passer à la vitesse supérieure et adapter sa méthode : utiliser les techniques les plus en pointe et, dans le même temps, donner le signal de la reconquête républicaine qui se devra d'être raide et nette. Le temps est venu.
Emmanuel Macron doit en même temps rendre hommage au gendarme Beltrame et s'adresser aux Français qui attendent des réponses sur ces sujets cruciaux.
La fermeté présidentielle ne doit pas uniquement être ressentie pour les réformes sociales et économiques.
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