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Le gouvernement n'a pas entendu monter la grogne dans les prisons

Sur le brûlant sujet des prisons, le gouvernement doit faire preuve de beaucoup de psychologie et, surtout, de beaucoup d'action.

 

Est-ce que le gouvernement a trop tardé à réagir ? Nicole Belloubet est sans doute très compétente en matière de droit constitutionnel, mais elle a visiblement du mal avec la vie concrète des Français, en particulier celle des gardiens de prison.

Sans doute l’exécutif était trop occupé avec Notre-Dame-des-Landes pour entendre cette colère qui montait. C’est une erreur majeure car la question de la prison cristallise des tensions anciennes, des crispations multiples, qui ont nourri, depuis des années, la défiance des citoyens vis-à-vis des politiques.

Pour les Français, la prison renvoie à la colère des policiers contre ces petits voyous qu’ils arrêtent et qui reviennent les narguer parce qu’ils ont été remis en liberté aussitôt. Ça renvoie au débat sur quel type de population se concentre dans les prison, à tout ce discours sur les délinquants qui seraient des victimes d’une société répressive, tous ces djihadistes rentrés de Syrie et dont on craint qu’ils fassent des émules. Il faut alors beaucoup de psychologie en la matière et surtout beaucoup d’actions.

Il faut lire un rapport européen sur les prisons dont Le Figaro rendait compte en mars 2017. On y apprenait que la France comptait 25 détenus pour 10 surveillants, contre en moyenne 35 détenus pour 10 surveillants dans le reste de l’Europe, ce qui ne veut pas dire qu’il n’y a pas de problème de répartition.

En revanche, la France comptait 102 détenus pour 100 000 habitants en 2013, 98 en 2015, alors qu’en moyenne, en Europe, c’est 180 détenus pour 100 000 habitants. C’est 137 en Espagne, 148 en Grande-Bretagne. Il n’y a que l’Allemagne où le taux d’incarcération est plus faible que chez nous. En revanche, chez nos voisins allemands, il y a 84 détenus pour 100 places, alors que chez nous, c’est 113 détenus pour 100 places.

On entasse les détenus par manque de cellules. Il faut rappeler que Christiane Taubira a gelé la construction de 20 000 places de prisons prévues par le gouvernement précédent. Pourtant, les peines de probation ont diminué sous François Hollande, donc on a aggravé la situation.

Sur les 70 000 détenus, 20 000 sont en préventive, présumés innocents. Est-ce qu’on ne peut pas enfermer certes ceux qui narguent la police mais laisser les autres dehors. Il faut aussi différentes sortes de prisons pour toutes les sortes de délinquants et de criminels, pour ne surtout pas les mélanger.

Enfin, avec 10 % d’étrangers dans les prisons, il y aurait des accords à nouer avec les pays d’origine. Bref, les chantiers sont multiples.

Écoutez la chronique de Natacha Polony dans le Grand Matin Sud Radio, présenté par Patrick Roger et Sophie Gaillard

 

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