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Le groupe Altice dans la tourmente

Les actions du groupe dirigé par Patrick Drahi, possesseur de SFR, ont perdu 60 % de leur valeur en quatre mois.

 

Ceux qui ont encensé Patrick Drahi pendant des années s’en sont détournés. Il n’y a rien de plus versatile que les marchés.

Le problème vient surtout de la façon dont s’est constitué cet empire, c’est-à-dire en s’appuyant sur tout ce qui peut être considéré comme la quintessence du néo-libéralisme, dans ce qu’il a de plus destructeur, de plus brutal.

Le principe de croissance du groupe repose sur un outil financier ahurissant, le LBO (Leverage Buy Out). En français, achat par effet de levier.

On s’endette pour acheter une entreprise, en général en difficulté, ce qui la rend vulnérable. Pas besoin de sortir un sou de sa poche, puisqu’on fait porter la dette sur l’entreprise qu’on vient de racheter. Pour cela, il faut qu’elle dégage du cash. Donc on compresse les coûts, on licencie, on exige des rabais auprès des fournisseurs.

Le groupe Altice est connu pour classer ses sous-traitants en plusieurs catégories : ceux dont on peut exiger une ristourne de 30 %, ceux qu’on peut ne pas payer du tout…

Ce système a permis à Altice de grossir démesurément en s’appuyant sur une dette de 51 milliards d’euros, mais sans jamais créer la moindre valeur.

Drahi a pu bénéficier d’une certaine mansuétude, en particulier quand il a pu racheter SFR contre l’avis d’Arnaud Montebourg, alors ministre de l’Économie, mais avec la neutralité bienveillante de François Hollande et de son secrétaire général chargé des questions économiques, Emmanuel Macron.

Pourtant, Arnaud Montebourg, à l’époque, avait prévenu : ‘Numéricable a une holding au Luxembourg, son entreprise est cotée à la bourse d’Amsterdam, la participation personnelle de son patron est à Guernesey, dans un paradis fiscal de Sa Majesté la Reine d’Angleterre et ce dernier est résident suisse. Il faut que M. Drahi rapatrie l’ensemble de ses possessions et de ses biens en France et nous aurons des questions fiscales à lui poser.’

Au moins, c’était clair, mais il faut dire que le montage financier, à l’époque, a plus tard rejoint la campagne d’Emmanuel Macron. Hélas, les bulles financières finissent toujours par éclater, mais elles laissent des entreprises et des salariés sur le carreau.

Écoutez la chronique de Natacha Polony dans le Grand Matin Sud Radio, présenté par Patrick Roger et Sophie Gaillard

 

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