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Le nombre de SDF en débat

On a vu depuis quelques jours le gouvernement et les associations s’opposer sur le nombre de SDF. Comment en est-on arrivé là ? Éléments de réponse avec Natacha Polony.

Lundi, une femme est morte rue Lafayette. A deux pas de ce grand magasin qui attire les touristes du monde entier, comme 10 autres personnes depuis le 1er janvier dans la capitale. Un peu plus haut, du côté des gares de l’Est et du Nord, des tentes essuient la neige, la pluie et le vent. Personne ne peut être indifférent à la misère de ces gens. Et personne ne peut croire qu’ils ne seraient que 50 dans Paris, comme l’a prétendu Julien Denormandie, le secrétaire d’Etat à la cohésion des territoires. Mais une fois qu’on a dit ça, une fois qu’on a exprimé son indignation, on fait quoi ? Il semble évident à tous les habitants des grandes villes, et pas seulement Paris, qu’une misère effrayante est en train de s’installer dans nos rues.

Et le député Sylvain Maillard explique que la plupart de ceux qui sont dans la rue y sont par choix. Est-ce choquant ? En réalité, la question n’est pas d’être choqué. Les associations ne cessent de se dire choquées, et parlent à nos émotions, mais l’enjeu, c’est une réflexion politique sur les raisons profondes de cette installation de la misère dans nos rues. Premier point, la saturation de l’hébergement d’urgence. Saturation chronique parce que la demande explose. Et la demande explose parce que nous avons un afflux de migrants dont certains devraient rejoindre les centres pour demandeurs d’asile, puis, dans un système idéal, être répartis sur le territoire en fonction des besoins d’emploi et des possibilités de logement, car c’est la seule manière de les intégrer un plus vite, et dont d’autres n’ont pas vocation à rester en France. Et puis, il y a un nombre inquiétant de travailleurs pauvres, qui nous rappellent que la concurrence généralisée instaurée par la libre circulation des hommes et des capitaux aboutit à aligner les droits sociaux sur le moins disant.

Il y a énormément de souffrance. Parmi les grands scandales de notre système de santé, il y a la paupérisation effrayante de la psychiatrie. Or, on estime qu’une majorité des gens qui sont dans la rue auraient avant tout besoin de soins. De même d’ailleurs qu’une bonne part des gens qui encombrent les prisons. Mais la psychiatrie n’est pas rentable et la maladie mentale ne colle pas avec notre idéologie de performance. Bref, nous sommes dans le déni, la fausse compassion et l’impuissance de l’Etat. Une impuissance que nous avons organisée.

>> L'intégralité de la chronique est disponible en podcast

 

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