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Le président Macron et la misère du monde

En visite aux Restos du Cœur, Emmanuel Macron s’est livré à l’une de ses activités favorites, engager des discussions à bâtons rompus, sous l’œil des caméras, avec des gens qui l’interpellent.

 

Une façon comme une autre de dire ce qu’il pense, comme il le pense, après s’être trop longtemps contenu.

Pas sûr que ce soit une bonne idée quand on est président de la République.

Demandons-nous si se laisser aller, dans le feu de la discussion, comme n’importe qui au café du coin, contribue à trouver des solutions aux problèmes du pays, ce qui est, quand même, le rôle du président.

S’il est vrai que le président de la République a parfois à traiter des cas personnels, comme avec le droit de grâce, il a en charge, non les difficultés de chacun, mais celles de tous.

Quand il parle, il parle à tous les Français. Quand il agit, cela doit être dans l’intérêt de tous.

Un président doit être sincère, mais il doit peser chaque mot, parce qu’il parle à tout le monde et qu’il engage toute la nation.

Devant les caméras, les micros, il n’y a pas d’aparté. Cette scène aux Restos du Cœur me fait penser à ces émissions de télévision où le président est confronté à ce que les communicants appellent ‘les vrais gens’, comme s’il y avait des ‘faux gens’.

Ça a un côté dialogue de sourds et ça finit presque tout le temps de la même manière, par ‘Envoyez-moi votre dossier’.

En plus, c’est ennuyeux à mourir parce que chacun y égrène des problèmes tellement personnels que ça n’intéresse, au fond, personne d’autre et presque toujours, ça embarque le président dans un échange sans queue ni tête.

Sarkozy a payé très cher sa spontanéité et sa sincérité dans ce genre d’exercice. Personne ne l’a trouvé plus humain dans ces circonstances. Au contraire, on l’a trouvé pas assez président et il a donné à tort l’impression de ne pas assez aimer les gens.

Surtout, ce genre d’échanges conduit à donner des réponses à l’emporte-pièce à des sujets très compliqués. Du coup, on attise les tensions et les passions au lieu de les apaiser.

Dans le cas d’espèce, il avait certes raison sur le fond, mais un sujet aussi sérieux et aussi grave attend autre chose du président de la République que quelques mots jetés dans la rue à la figure d’un sans-papier.

Maintenant, il est pris au piège de sa diatribe, comme Nicolas Sarkozy avec le Karcher, après qu’un petit garçon avait été tué par une balle perdue dans affrontement entre deux bandes.

Maintenant, il doit dire comment il va s’y prendre pour que la France ne soit pas submergée par toute la misère du monde, qui est immense. Comment il va s’y prendre avec l’Europe, avec les frontières, avec les pays d’origine, avec l’Afrique, avec la Méditerranée, avec le Moyen-Orient…

La bonne intuition d’Emmanuel Macron, c’est qu’il faut resacraliser le pouvoir. Ce genre d’échanges n’y contribue pas. Si c’est un échange calculé, alors c’est un mauvais calcul.

Écoutez la chronique d'Henri Guaino dans le Grand Matin Sud Radio, présenté par Patrick Roger et Sophie Gaillard

 

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