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Le PS devient une pétaudière suprême

L'analyse par Éric Naulleau du second tour de la primaire de la gauche, qui se déroule entre Manuel Valls et Benoit Hamon.

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À trois jours du second tour de la primaire de gauche le PS a définitivement cessé d'être l'abréviation de Parti socialiste pour devenir celle de Puzzle suicidaire ou Pétaudière suprême, ça marche aussi. Après les sept familles du premier tour, un autre jeu de cartes passionne les socialistes, la bataille. Bataille entre deux projets que tout oppose. Bataille entre deux tempéraments que tout sépare. Bataille ou tous les coups semblent permis, au point que nul ne peut imaginer qu'un rassemblement sincère aura lieu après la proclamation des résultats dimanche prochain.

Spectacle effarant, auquel sont toujours donnés les mêmes explications.. Décomposition d'un parti qui n'a pas pu surmonter ses contradictions idéologiques, phase terminale de la social-démocratie, échec personnel de François Hollande et son quinquennat chaotique et cetera… Manière, selon moi, de tourner autour du pot pour ne pas prendre acte de ce qui crève pourtant les yeux.

À savoir que ce second tour n'oppose pas deux gauches irréconciliables, selon la définition même d'un des finalistes Manuel Valls, il oppose une conception de la vie et de la société de gauche, celle de Benoit Hamon, à une conception de la vie et de la société qui a cessé d'être de gauche, celle de Manuel Valls. Qu'a-t-on entendu ces derniers jours du côté de l'ancien Premier ministre ? Un de ses lieutenants, Malek Boutih, associait Benoit Hamon à l'islamo-gauchisme, c'est-à-dire utiliser les mêmes méthodes que l'extrême droite à l'endroit d'Alain Juppé, appelé Ali Juppé pendant la primaire de droite. Méthode qualifiée à juste titre de « dégueulasse » par l'intéressé.

Qu'a-t-on entendu encore ? Une fin de non-recevoir à tout débat sur le revenu universel posé par Benoit Hamon. Idée certes discutable, qu'il conviendrait donc de discuter. Au motif qu'elle relèverait de la pure et simple utopie, un mot qui a pourtant servi de boussole à la gauche vers bien des avancées sociales et de société. En puisant les arguments contre son adversaire aux sources les plus troubles, en refusant d'enchanter la pensée de gauche, fût-ce à minima, il risque de perdre davantage qu'une élection. Voilà ce qu'écrit Eric Pessan dans « La nuit du second tour » roman d'anticipation de l'arrivée au pouvoir du Front national, je cite, « à force d'oublier qu'ils doivent faire rêver, les partis traditionnels ont enfanté un cauchemar." La phrase vaut, selon moi encore, davantage pour un Parti de gauche.

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