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Le retour des anciennes puissances sur le devant de la scène internationale

On ne peut pas comprendre ce qui se passe dans le monde aujourd'hui sans un regard sur le passé.

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Ce qui caractérise la politique internationale aujourd’hui, c’est le retour des anciennes puissances qui se réveillent. Ces anciennes puissances qui ont joué un si grand rôle dans l’Histoire, qu’on appelle aujourd’hui des pays émergents, comme s’ils venaient de naître à la puissance alors qu’en réalité, ils sont sortis un moment de l’Histoire, ou ont été au bord de sortir, pendant un moment, de l’Histoire, et veulent aujourd’hui retrouver leur rôle dans le monde et peut-être d’abord dans leur région.

Ces puissances ont rayonné pendant des siècles, politiquement, économiquement, religieusement, culturellement, parfois tout à la fois. Elles ont été le cœur de grands Empires, de grandes Civilisations et veulent retrouver leur rôle. Il s’agit de la Chine, bien sûr, de la Russie, de la Perse, l’Iran aujourd’hui, et de la Turquie.

C’est ce qu’il faut voir aujourd’hui dans l’aventure turque contre les Kurdes. La Turquie qui est en train de revenir sur la scène internationale, ce n’est pas la Turquie d’Atatürk, qui s’était repliée sur le pré carré national en abandonnant toutes les vieilles idées d’Empire. C’est vraiment celle de l’Empire Ottoman, qui avait à sa tête le commandeur des croyants qui était à la fois à la tête de l’Empire Ottoman, qui couvrait toute la Méditerranée, mais aussi à la tête de la religion musulmane à travers le Califat.

L’Empire Ottoman, son aire d’expansion naturelle, son aire d’influence traditionnelle, c’est la Méditerranée, sur presque tout son pourtour et le Moyen-Orient. C’est exactement ce qu’Erdogan, à travers sa personnalité propre, est en train de réveiller.

Les islamistes, certes plus modérés que ceux d’Al Qaida ou de Daesh, qui sont au pouvoir aujourd’hui en Turquie, ont une vocation qui ressemble à celle qui s’est éteinte au début du XXe siècle, c’est-à-dire celle d’être le grand leader du monde musulman.

À côté, il y a le réveil de l’Empire perse, c’est-à-dire de l’Iran qui, là aussi, indépendamment de ses dirigeants actuels, cherche à retrouver son rôle, d’abord régional, le Golfe arabique. L’Iran est une très vieille civilisation qui a décidé de jouer à nouveau son rôle sur la scène de l’Histoire. On ne comprend absolument rien à ce qui se passe dans cette région du monde si l’on ne voit pas ce réveil corrélatif de la Perse, d’une part, et puis de la civilisation ottomane, de la politique ottomane des Turcs de l’autre côté.

Dans le monde, deux autres pays sont, au fond, dans la même civilisation. Il s’agit de la Russie, c’est le réveil de l’Empire russe. Au fond, ce que les Russes reconnaissent à Vladimir Poutine, c’est d’avoir empêché la Russie de sortir de l’Histoire après l’effondrement de l’Union soviétique. Non qu’ils veuillent reconstituer l’Empire russe ou l’Empire soviétique, mais la Russie veut retrouver sa zone d’influence traditionnelle et son influence dans le monde. Ça explique ce qui se passe en Ukraine, ce qui s’est passé en Crimée et l’intervention russe en Syrie.

La Russie, qui était en train de perdre toute son influence mondiale après l’effondrement de l’Union soviétique est en train de redevenir un acteur majeur de la scène internationale. Elle en a besoin, c’est dans sa nature de très grande puissance. Elle veut, comme d’habitude, être à la fois la première puissance de la mer du Nord, de la mer Noire, de la mer Caspienne et reste, dans l’âme russe, dans l’essence même de la Russie, ce tropisme vers les mers du Sud. On est en train de retrouver la Russie de toujours. D’ailleurs, le général De Gaulle avait dit : ‘Vous verrez, la Russie éternelle boira le communisme comme un buvard.’

Enfin, il y a l’Empire chinois. Ce n’est pas la peine de faire un dessin. Ce n’est pas une nouvelle puissance qui émerge de nulle part. C’est une très grande puissance qui avait perdu une partie de son influence, qui était, elle, vraiment pratiquement sortie de l’Histoire et qui revient. On le voit bien sûr sur l’économie, sur la politique en général et sur la mer de Chine, avec les tensions extrêmes qui y règnent parce que l’Empire chinois considère que c’est sa zone d’influence naturelle.

On ne comprend pas ce qui se passe dans le monde aujourd’hui si on ne s’interroge pas sur le retour de l’Histoire, peut-être aussi sur le retour du refoulé.

Écoutez la chronique d'Henri Guaino dans le Grand Matin Sud Radio, présenté par Patrick Roger et Sophie Gaillard

 

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