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Le scandale Lactalis continue

Le scandale du lait en poudre contaminé à la salmonelle ne cesse de rebondir. Les enseignes de la grande distribution sont mises en cause les unes après les autres. Où sont les responsabilités ?

C’est un système dans son ensemble qui est à blâmer. Un système dont on ne prend conscience qu’à chaque nouveau scandale alimentaire. Evidemment, la responsabilité première est celle de Lactalis, dont on se rend compte qu’elle savait depuis août, et sans doute avant, que certaines de ses unités étaient contaminées. Il faut bien comprendre que Lactalis est une multinationale totalement opaque, qui a toujours refusé de publier ses comptes, mais une transaction à l’étranger l’a obligée à le faire : on a découvert que cette entreprise qui sous-paye le lait au point de pousser les paysans à la ruine et au suicide fait 10,5% de marge. On peut rappeler aussi que la salmonelle est une bactérie présente dans les intestins et les déjections des animaux, et que certains vétérinaires soupçonnent le maïs d’ensilage, stocké en extérieur sous des bâches, dont on se sert pour constituer un apport calorique à bas coût pour les vaches, d’être un vecteur de la bactérie. On est bien dans un système qui cherche à produire vite et pas cher.

Michel Edouard Leclerc s’insurge en accusant Lactalis d’avoir mal communiqué. Mais on peut aussi considérer deux éléments : c’est la grande distribution qui induit ce système de production bas de gamme en exerçant une pression sur les producteurs d’une brutalité sans nom et parfois à la limite de la légalité, et c’est la grande distribution qui cherche à minimiser ses coûts, quitte à ne plus disposer de suffisamment de personnel pour vérifier correctement la provenance des produits pendant une campagne de retrait.

Certains ont aussi pointé la responsabilité de l’Etat. Benoît Hamon, notamment, a reproché au gouvernement le manque de fonctionnaires de la DGCCRF, la répression des fraudes. En fait, elle a été démantelée par Nicolas Sarkozy et François Fillon à travers une départementalisation. Mais Benoît Hamon, quand il était ministre de la consommation, n’a pas créé un seul poste d’agent de la répression des fraudes. Et pourtant, on se doute que ce ne sont pas les autocontrôles de l’industrie qui vont suffire, face à la pression à produire toujours moins cher. Sans le scandale, nous mangerions toujours des lasagnes à la viande de cheval. Quand l’alimentation devient un marché comme les autres, où règne le profit, voilà le résultat.

>> L'intégralité de la chronique est disponible en podcast

 

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