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L'échec de la "marée populaire" est-il une victoire pour le gouvernement ?

Natacha Polony revient aujourd'hui sur la manifestation anti-Macron baptisée "marée populaire". L'échec relatif de ce rassemblement représente-t-il une victoire pour le gouvernement ? 

93 000 manifestants selon la police et 280 000 selon les manifestants. Pour Paris, 21 000 selon la police, 80 000 selon les manifestants et 31 000 selon les cabinets de comptage indépendants. Le Premier ministre a beau jeu d'ironiser sur le faible coefficient de marée. "Certains attisent la tension sociale en essayant de rejouer dans la rue ce qu'ils ont perdu dans les urnes", a-t-il déclaré dans le JDD. "C'est un peu dangereux", dit-il, "la démocratie a parlé". En fait, Édouard Philippe est un homme trop intelligent pour ne pas savoir que son raisonnement est biaisé. 

Bien sûr que les urnes ont parlé, mais dans le cadre d'un mode de scrutin qui était prévu pour un bipartisme avec deux grands partis de gouvernement et quelques partis satellites. Avec une opinion française scindée en 4 camps au premier tour de la présidentielle, on se retrouve aujourd'hui avec un parti qui peut compter 350 députés pour 14,5 % des inscrits au premier tour des législatives. Il n'échappera à personne qu'on est loin d'une approbation massive d'un programme de gouvernement. Donc se réclamer de la démocratie contre la rue, c'est quand même un petit peu présomptueux.  

Et ce qui est frappant, c'est que les manifestants sont encore moins représentatifs du mécontentement, du scepticisme et de la colère que l'on sent monter dans le pays. Et pourtant, avec 60 organisations rassemblées et - pour la première fois - la CGT qui se fait violence en défilant auprès d'un parti politique, on a une mobilisation en demi-teinte avec des manifestants désabusés, qui n'ont absolument aucune illusion sur le débouché politique de leur mouvement. Pourquoi ? D'abord parce que le néo-libéralisme s'impose depuis maintenant 40 ans avec une forme d'inéluctabilité qui désarme les démocraties. Les scrutins passent et les réformes vont à peu près dans le même sens, comme si rien d'autre n'était possible. La levée de boucliers internationale contre la coalition italienne, avant même qu'elle ne commence à gouverner, se traduit par une montée de ses taux d'intérêt pour la prendre à la gorge...

L'autre point, c'est que Jean-Luc Mélenchon n'apparaît pas comme une alternative. 51 % de syndicalistes de la CGT ont voté pour lui à la présidentielle, mais quid des autres ? Hamon ? Poutoux ? Arthaud ? Blanc ? FN ? Tant que tous les mécontents, qu'importe leur milieu ou leur origine politique, ne s'entendront pas pour mettre en avant ce qui les rassemble, on aura ce genre de flop.

>> L'intégralité de la chronique est disponible en podcast

 

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