Les événements récents avec l'attaque terroriste de l'Aude ont bouleversé le pays. Mais pas seulement, l’agenda de la réflexion présidentielle a également été chamboulé.
Comment prendre le problème ? C’est la question que se posent Emmanuel Macron et ses conseillers proches. Pour le chef de l'État, le sujet identitaire, la laïcité, la réforme de l'islam sont des chantiers qui s'inscrivent dans la longueur autour du principe suivant : l'État est laïc mais la société ne l'est pas. Autrement dit : le fait religieux doit être pris en considération. C'est la condition d'une refonte de la laïcité qui ne doit pas être la religion contre la religion. C'est la raison pour laquelle et malgré les pressions régulières, Emmanuel Macron n'a pas souhaité commencer par un discours sur la laïcité.
Il veut que le discours vienne conclure une nouvelle construction organisée autour de l'école avec l'enseignement du fait religieux et l'organisation d'un islam de France. Le chantier est vaste, délicat et s'expose au risque d'être bousculé par l'irruption d’événements violents comme les attaques terroristes. Et c'est ce qu'il s'est passé la semaine dernière. Résultat : les oppositions ne manquent pas, même au sein du camp du président car cette approche de la religiosité risque de braquer même chez les marcheurs. Des responsables du parti présidentiel ne voient pas d'un bon œil cette laïcité positive, d'autant que les grandes questions sur la famille, la PMA, la fin de vie seront à l'ordre du jour de la deuxième étape du quinquennat, après les grandes réformes socio-économiques.
C'est pour cette raison que le président ne veut pas mettre ces questions de laïcité à l'agenda. Pour l'heure, c'est le temps des confrontations avec les syndicats et la libération des forces économiques. Pourtant le terrorisme est revenu au premier plan. Cela fait 8 jours que l'on ne parle plus des sujets économiques. La question identitaire poursuit un travail d'érosion même si, une fois de plus, la résilience des Français a été démontrée. C'est aussi pour cela que le président a souhaité donner toute sa force au sacrifice du colonel Beltrame, en soulignant qu'il a donné sa vie au nom de ses valeurs militaires et catholiques.
Le message est puissant et le discours des Invalides a permis à Emmanuel Macron d'esquisser ses réflexions sur le sujet. Mais en même temps, cet événement a son enseignement.
Après avoir honoré Beltrame, Macron doit maintenant parler aux Français.
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