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Les blocages d’universités vont-ils se multiplier ?

Les étudiants rêvent que les mouvements contre Parcoursup prennent de l'ampleur et que les lycéens vont les rejoindre. À tort ?

Les blocages d’universités vont-ils se multiplier ?

Passons sur le folklore, les rêves de nouveau mai 68 de ces charmants gauchistes qui proclament le droit à l'échec pour tous. Parcoursup est loin d'instaurer une sélection à l'entrée de la fac. En revanche, et c'est là son but, Parcoursup, couplé à la réforme du baccalauréat, va redessiner le lycée. Jean-Michel Blanquer, l'air de rien, lance une révolution. Bien sûr, il y a le travail sur les méthodes d'apprentissage en lecture et en mathématique, en maternelle et au CP, et s'il réussit ça, il aura mis fin à quarante ans de destruction de l'école républicaine. Mais ça ne doit pas empêcher de regarder ce qui se met en place au lycée. Et là, la logique est résolument libérale. L'idée, c’est que l'autonomie des établissements, la capacité pour les chefs d’établissement de choisir leur équipe et d'adapter les horaires et les modes d'enseignement fera disparaître mécaniquement les mauvais et valorisera les autres. Mais cela passe par quelques bouleversements inavouables.

La réforme du lycée telle que la dessine Jean-Michel Blanquer est un copier coller de celle qui a coûté son poste à Xavier Darcos en 2009. À ceci près que Xavier Darcos mettait les pieds dans le plat. Il parlait autonomie des établissements, il envisageait un lycée "modulaire", c’est-à-dire organisé en modules semestriels et non plus par années scolaires. Bref, on cassait les disciplines, les programmes, les horaires. Jean-Michel Blanquer se garde bien d"aller jusque là, même si le terme "modulaire" a surgi par ci par là. Mais au fond, l"objectif est le même et il aurait une conséquence mécanique : faire exploser le statut de 1950 qui régit les obligations horaires des enseignants.

Quel est l'enjeu ? Le temps de travail des enseignants, pour l'instant, est calculé en temps passé devant les élèves chaque semaine, avec des emplois du temps valables pour une année scolaire. On ne comptabilise pas la préparation des cours et les corrections de copies, parce que c'est impossible à formaliser. Vous cassez cela et vous pouvez exiger une présence de 35h par semaine dans les établissements, à effectuer diverses tâches, comme recevoir les élèves pour les aider, les orienter. C'est l’horizon rêvé de tous les ministres depuis des années. Mais ils oublient que dans les pays où ça se passe de cette façon, les professeurs sont beaucoup mieux payés. On n'y est pas. Alors, un fantasme ? Pas plus que la libéralisation des services publics.

>> L'intégralité de la chronique est disponible en podcast

 

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