Ce rapport est la conclusion d’une mission confiée au mathématicien Cédric Villani. Or, il a expliqué après des dizaines d’auditions que la situation était pire que ce qu’il avait imaginé. Pourtant, il avait déjà les chiffres : des études internationales qui mettent la France au dernier rang des pays européens pour les compétences en mathématiques et en sciences. La France, qui était le pays de l’excellence mathématique, avec plus de médaillés Field que n’importe quel autre pays comparable. Nous sommes devenus des cancres. Pire, on a des élèves dyscalculiques, comme il y aurait des élèves dyslexiques. Des élèves qui n’ont pas le moindre sens des nombres, des ordres de grandeur, des élèves qui peuvent écrire que 50 X 3 = 7 800 parce qu’ils n’ont aucune idée de ce que ça représente. Evidemment, ça se voyait moins que les difficultés en lecture, donc il a fallu une véritable catastrophe pour qu’on prenne enfin conscience du problème.
Question : le rapport Villani identifie-t-il le problème ? Oui, et c’est cela qui est rassurant. Même s’il est le produit d’un compromis, comme toujours dans l’éducation nationale, c’est-à-dire qu’on se garde de dire qui est responsable du massacre et de dénoncer les stupidités qui ont été faites depuis quarante ans, au moins, il met en avant des préconisations qui ont une chance de modifier l’enseignement des mathématiques dans les premières classes de primaire, puisque c’est bien là que ça se joue.
Et il n’y a pas que la méthode de Singapour qui fait parler parce que Singapour arrive en tête des pays de l’OCDE pour les compétences en mathématiques. Mais le rapport parle aussi de méthodes françaises comme celle du GRIP, qui produit des manuels pour les enseignants et les parents. En gros, toutes ces méthodes s’appuient sur la manipulation d’objets concrets et l’apprentissage précoce des 4 opérations, additions, soustraction, multiplication et division, et sur la pratique du calcul mental. Bref, sous une forme moderne et adaptée aux élèves d’aujourd’hui, ce qu’on faisait avant les années 1970 et qui a été abandonné sous prétexte que c’était réactionnaire. En 2008, Xavier Darcos avait voulu aller dans ce sens : certains idéologues avaient expliqué que les 4 opérations au CP ou au CE1, c’était fasciste. C’est dire le niveau des arguments. Alors, on progresse. Mais maintenant, il faut former les instits. Et ça prendra des années.
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