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Les présidents des conseils départementaux d’Île-de-France résistent à Macron

Le sondage Fiducial montre qu’un an après, Emmanuel Macron est conforté par les Français et considéré comme mettant son programme en application. On voit que les partis n’arrivent pas à s’opposer à lui, mais une tribu tient tête au président.

Emmanuel Macron (©DIMITAR DILKOFF - AFP)

Oui, en 2018 après Jésus-Christ, toute la Gaule est sous la domination de l’empire jupitérien.

Toute ? Non.

Une poignée d’élus résiste encore et encore et repousse les assauts du macronisme.

Ce sont les présidents des départements d’Île-de-France qui refusent de se laisser absorber dans le Grand Paris.

Depuis un an, ils ferraillent pour empêcher le président de prendre sa décision.

Voilà cinq fois que l’Élysée reporte cette décision qui consiste à créer un Grand Paris à l’échelle de la région Île-de-France, avec la fusion des départements autour de la capitale.

L’idée de réunir le 94, le 93, le 92, le 91 et le 78, séduisante sur le papier en terme de simplification et d’attractivité économique, n’arrive pas à voir le jour. L’Élysée recule face à la détermination de ces départements.

Le dernier acte qui a impressionné l’exécutif, c'était la semaine dernière, lors de la réunion des départements d'Île-de-France. La Seine-Saint-Denis et les Hauts-de-Seine, avec les Yvelines, ont posé ensemble. Troussel, Devedjian, Bedier, unis contre l'État et prêts à se soutenir l'un l'autre, alors qu'ils sont de bords politiques opposés.

Une version inattendue du dépassement des clivages cher à Emmanuel Macron. Voilà qui donne de quoi réfléchir.

Pour Pierre Bedier, des Yvelines, qui a rencontré le président à ce sujet, Emmanuel Macron "veut être Napoléon IV", après Napoléon III qui a dessiné Paris avec le baron Haussman. Mais ça ne marchera pas, parce qu'il y a "toute une organisation des territoires impossible à défaire", dit-il.

À ce jour tout est suspendu. Au point que la semaine dernière, Jacques Mezard a déclaré devant des élus franciliens : "Je ne parlerais pas du projet du grand Paris, je n’ai rien à vous dire à ce sujet !"

Bref les barons du vieux monde font de la résistance.

On voit donc que le volontarisme et la détermination à transformer le système ont leurs limites. Pourquoi cette prudence ?

Parce que le président Macron se sable aux rapports de forces et voit bien que les seuls opposants crédibles sont les collectivités locales.

Les départements, les régions, ne sont pas investis par LREM. Et il doit faire attention à ne pas provoquer de rupture irréversible.

Il y a donc des considérations politiques. En ce moment se négocie avec la droite sénatoriale la réforme de la Constitution. Il faut réunir trois cinquièmes des parlementaires et il ne faut couper tous les ponts avec les élus de droite.

Il y a des dossiers sur lesquels le président avance, à petit pas, et en marchant sur des œufs.

La réforme de l’Islam en fait partie. Lors des récentes réunions sur ce sujet avec plusieurs personnalités qualifiées, il a été acte qu’il est bien difficile de trouver le cadre la grande mesure dite d’autorité capable de provoquer un Big Bang dans ce domaine pour que l’on puisse dire : "Il y a un avant et un après."

Alors que les foyers de tensions catégorielles se multiplient et occupent le devant de la scène, à chaque fois le gouvernement martèle que l’autorité de l’État doit prévaloir.

Pourtant le "moloch", le surnom donné au système par les conseillers du président, ne se laisse pas faire.

Et en coulisse, les bras de fer continuent sur des sujets que le gouvernement manie comme de la nitroglycérine.

Écoutez la chronique de Michaël Darmon dans le Grand Matin Sud Radio, présenté par Patrick Roger et Sophie Gaillard

 

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