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L'interview du patron de Lactalis ne fera pas oublier les méfaits de l'entreprise

Le très discret patron de Lactalis a pris la parole ce week-end, dans les colonnes du Journal du Dimanche.

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Le fait de voir Besnier répondre à une interview est déjà un événement. C’est la première fois que ce patron daigne prendre la parole. Ce n’est pourtant pas la première crise qu’affronte Lactalis. Il y avait eu une condamnation en 2000 pour fraude, parce que le lait été coupé avec de l’eau, pratique qui concernait quand même 70 % de la production !

On passe sur la construction de la deuxième tour de séchage de l’usine de Craon, avant même les conclusions de l’enquête publique. Les autorités administratives se sont toujours couchées devant ce géant industriel, habitué du chantage à l’emploi.

Au moins, les journalistes auront une photo pour illustrer leurs articles, il n’en existait que trois jusqu’à présent.

Pour le reste, ce ne sont pas les dénis du PDG qui vont changer quoi que ce soit. L’entreprise savait au moins depuis le mois d’août que les salmonelles étaient présentes, elle n’a pas averti les autorités, elle n’a pas daigné arrêter la production pour nettoyer toutes les installations et elle a écoulé les lots partout dans le monde. Il y a maintenant 12 millions de boîtes à aller chercher partout dans la nature…

Cette histoire devrait nous alerter sur un point. Les entreprises ont une responsabilité sociale et environnementale. Elles sont des acteurs majeurs de la vie d’un pays et elles en modèlent le visage. Lactalis a défiguré le secteur qui est le sien, il a ruiné tout ses petits concurrents, toutes ces laiteries artisanales, ces producteurs de fromages fermiers qui ne pouvaient pas tenir face à l’écrasement des prix.

Pire, Lactalis a mené pendant des années une campagne mensongère contre le lait cru, prétendant que c’était dangereux, parce que le lait cru nécessite des petites quantités et de la qualité et, donc, est moins rentable. Cela raconte comment la libre entreprise, le capitalisme, peuvent être régulés pour permettre de récompenser l’initiative et l’effort ou bien se transformer en une mécanique perverse pour faire du profit à tout prix, quitte à détruire le bien commun, ruiner une région entière en détruisant des emplois et des savoir-faire.

C’est à l’État de défendre les intérêts de ses citoyens, par exemple en soutenant son administration et les élus locaux face au chantage des grands groupes.

Écoutez la chronique de Natacha Polony dans le Grand Matin Sud Radio, présenté par Patrick Roger et Sophie Gaillard

 

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