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L'opposition entre ancien monde et nouveau monde, aussi stérile que vide de sens

L’affrontement récurrent entre les générations et les valeurs qui y sont attachées n’a pas vraiment de sens historiquement parlant, et menace aujourd’hui la cohésion de la société française.

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Parlons aujourd’hui du nouveau monde et de l’ancien monde, devenu le pont aux ânes de la politique française depuis quelques temps. Il y aurait en effet un ancien monde en train de disparaître, avec ses partisans figés dans le passé, et un nouveau monde qui serait celui des jeunes générations. Derrière ce clivage, il y a cette opposition entre les générations des Trente Glorieuses et les générations suivantes. En tout cas, c’est ainsi que certains cherchent à articuler le débat politique en France aujourd’hui.

Remarquons d’abord qu’ancien et nouveau monde, cela ne veut pas dire grand-chose. On ne passe pas d’un monde ancien à un monde nouveau… Le monde est nouveau tous les jours ! La question n’est pas de changer de monde ou de s’adapter à une nouvelle donne. L’enjeu, c’est de suivre le rythme des changements du monde qui s’imposent à nous tous les jours, mois après mois, années après années, tout simplement parce que le monde et la société vivent, les mentalités évoluent et les techniques changent.

Deuxième remarque : l’opposition générationnelle est une très mauvaise idée. Tout ce qui est ancien n’est pas à jeter, et tout ce qui est nouveau n’est pas bon à prendre. Inversement, tout ce qui est nouveau n’est pas forcément mauvais, et tout ce qui est ancien n’est pas non plus forcément bon. Il faut savoir trier et il est absurde de vouloir jeter sans arrêt le bébé avec l’eau du bain. Que veut-on jeter d’ailleurs dans cette affaire ? Au fond, c’est le pacte social qui a été négocié en 1944 entre tous les partis, les syndicats et les groupes de la Résistance, et qui organise notre société depuis.

La France a toujours évolué de synthèses en synthèses. La première, c’est celle qui est faite par le Premier Empire entre la France de l’Ancien Régime et la Révolution. Au 19ème siècle, on a donc une France qui hérite de caractères datant d’avant la Révolution et de transformations apportées par cette dernière, par le Consulat et par l’Empire. Autre synthèse ensuite, celle de la République au tournant des années 1870-1880-1990, qui se fait à travers l’école républicaine, mêlant héritage du passé et nécessités du présent. La troisième synthèse, c’est celle du Conseil National de la Résistance en 1944.

Vouloir jeter par-dessus bord tout ce programme (Sécurité sociale, rôle de l’État dans l’économie, etc.) qui tirait les leçons de la crise des années 1930 n’est pas raisonnable. Dans le monde actuel, ce n’est pas non plus très prudent. Ce programme consensuel de la Résistance, c’est ce qui soude notre société, notre France une et indivisible. Est-ce qu’au fond, ce ne serait pas ça que chercheraient certains de nos dirigeants et une partie de nos élites ? Détruire ce qui a assuré pendant des décennies la solidarité et la cohésion française, qui a permis au modèle républicain de s’épanouir pleinement et au capitalisme d’être pleinement régulé avec beaucoup d’efficacité pendant les Trente Glorieuses...

Réécoutez en podcast l’édito d'Henri Guaino dans le Grand Matin Sud Radio

 

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