Emmanuel Macron est-il le nouveau boss de l'Europe ? Il aimerait bien et tout le monde l'a célébré comme tel. Souvenez-vous de la Une de "The Economist" qui l'avait annoncé comme le futur leader de l'Europe, à condition qu'il réforme la France. C'était dit avec une légère pointe d'ironie.
Là aussi, il a bénéficié d'un moment spécifique où le gouvernement allemand n'était pas encore formé, où Angela Merkel était affaiblie et où personne d'autre ne se détachait en Europe. Mais il a bénéficié aussi de tout son discours européen, c'est-à-dire qu'il s'est fait élire - et on ne peut pas lui enlever - sur un discours pleinement européen. À ceci près que pendant toute la campagne, il a vendu aux Français une Europe qui protège et qui allait enfin jouer son rôle. Il promettait qu'on allait réenchanter le rêve européen.
Emmanuel Macron a essayé de faire ce qu'il pouvait. Il s'est démené - il faut bien le lui reconnaître - d'abord par de splendides discours d'un lyrisme achevé. D'ailleurs, ses plus grands discours de cette année sont sur l'Europe. Le discours de Strasbourg, celui de la Sorbonne et surtout à la jeunesse européenne avec cette idée, ce nouveau concept qu'il essaie de mettre en avant : la souveraineté européenne. Il a bien compris que 50 % des Français avaient voté pour une souveraineté retrouvée, à l'élection présidentielle. C'est-à-dire pour la possibilité de décider de leur destin. Il leur a dit : "Vous ne décidez plus de votre destin, c'est pas grave ! On va le décider à l'échelle européenne". Est-ce que c'est vraiment ça ? En réalité, c'est bien là où le bât blesse ! La souveraineté n'existe que dans un cadre démocratique avec un peuple et ce n'est pas le cas de l'Europe.
Macron plaît beaucoup en Allemagne, mais il faut être honnête, les Allemands n'ont jamais cru une seconde qu'il existait quelque chose qui pourrait ressembler à un couple franco-allemand. Les Allemands agissent en fonction de leurs intérêts. Depuis un an, Macron a essayé d'agir, il a beaucoup communiqué sur son action mais que s'est-il passé concrètement ? Il s'est pris veste sur veste et des vestes très importantes. Récemment, huit pays - qui sont en fait des satellites de l'Allemagne, que ce soit le Danemark, la Hollande, ou les pays baltes - ont publié un texte pour dire qu'il ne voulait pas du plan d'Emmanuel Macron avec un budget commun européen. C'est son grand projet pour réformer l'Europe et s'il n'y a pas ça, tout tombe par terre !
Non seulement ses idées ne passent pas mais quand il s'agit de faire bouger l'Europe, la réponse est non ! Et c'est la même chose pour son idée fondamentale de défense européenne. Tant que l'on n'aura pas une défense indépendante de l'Otan, ça ne marchera pas ! Mais Angela Merkel n'en veut pas.
Pour l'instant, le discours d'Emmanuel Macron sur l'Europe, c'est très beau mais c'est du vent !
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