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Macron tente de séduire les agriculteurs

Emmanuel Macron prononçait hier ses vœux au monde agricole. Un enjeu important pour un président considéré comme uniquement tourné vers les métropoles.

 

Il y avait bien sûr un enjeu politicien pour Emmanuel Macron, mais il y avait aussi un enjeu de fond. Sur une chaîne d’info, une journaliste introduisait le discours en expliquant qu’on avait eu l’occasion de voir les tensions entre Nicolas Hulot, qui défend l’environnement et le bio, et Stéphane Travert, qui défend les agriculteurs.

Ce genre de poncif laisse croire que "les agriculteurs" dans leur ensemble seraient des gens qui n’envisageraient pas de se passer de pesticides et qui n’auraient aucun intérêt à la préservation de l’environnement. Ça laisse mesurer le travail à accomplir pour changer les modèles de production, alors même que c’est tout ce système qui a conduit les agriculteurs à la ruine. Mais justement, le discours d’Emmanuel Macron n’est pas de nature à dissiper les malentendus.

En quoi son discours vous a-t-il déçu ?

C’était un discours de financier, d’économiste. Ponctué, certes, de deux ou trois mots pour la France des terroirs, mais le but du jeu, c’était de promouvoir l’ouverture. Ça veut dire quoi, l’ouverture ? Certes, le Président convient qu’il ne faut pas chercher à concurrencer le poulet brésilien ou le lait néo-zélandais, qu’il faut monter en gamme et défendre des savoir-faire, mais sans jamais remettre en cause la logique du libre-échange. Donc, on va continuer à faire entrer du poulet brésilien et du lait néo-zélandais en demandant à la grande distribution de mieux rémunérer le poulet et le lait français.

Vous pensez si ça va marcher !

D’ailleurs, le président a admis à demi-mots que le CETA, le traité de libre-échange avec le Canada négocié en catimini par l’Union européenne, était un mauvais traité, mais bon, c’est trop tard, on ne va pas s’y opposer. Et les autres sont formidables. Il ne faut pas avoir peur de l’ouverture, nous dit Emmanuel Macron. Mais la question n’est pas d’avoir peur ou non. La question est de rétablir enfin une concurrence non faussée en refusant l’entrée sur notre territoire de produits qui ne respectent pas nos normes. Pour l’instant, le système qui permet à la grande distribution de ruiner nos paysans n’est pas enrayé.

Il a annoncé une lutte contre la vente à perte, mais rien qui empêche que le distributeur ne puisse importer des cochonneries produites dans des conditions ignobles pour garantir ses marges. C’est le seul combat à mener, sinon tout le reste n’est que discours.

Écoutez la chronique de Natacha Polony dans le Grand Matin Sud Radio, présenté par Patrick Roger et Sophie Gaillard

 

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