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Manifestations du 12 septembre : une mobilisation mitigée mais méfions-nous de l'eau qui dort

Henri Guaino revient aujourd'hui sur la mobilisation mitigée de la veille contre la réforme du Code du travail.

Hier dans la rue, ce n'était pas jour de grande mobilisation. Il y avait quand même du monde, on a battu le pavé et on s'est battu sur les chiffres : 225 000 pour la police, 400 000 pour le organisateurs. Tradition respectée, jeux de rôle assumés. Il y avait du rituel dans ces manifestations, mais pas beaucoup de cette illusion lyrique dans laquelle les grands mouvements populaires puisent leur force.

Le gouvernement fait un pari osé et peut-être la même erreur qu'Alain Juppé en 1995

Il faut dire que le temps n'était pas à l'unité, mais plutôt au chacun pour soi des syndicats comme des partis. En apparence, pas de front syndical cette fois-ci. La France insoumise ne manifestera de son côté que le 23 septembre (Mélenchon était malgré tout dans les cortèges à Marseille) et pas de front populaire non plus. Il y a comme une lassitude, comme un sentiment que les choses sont jouées d'avance.

Nul doute pourtant qu'une grande majorité de Français n'est pas favorable à cette réforme et qu'une majorité de salariés est inquiète de ses conséquences dans une société où tant de gens sont hantés par l'angoisse de tout perdre. Alors, il faut se méfier de l'eau qui dort, comme on disait jadis ! Parfois, la révolte commence par de petites mobilisations qui grandissent et qui finissent par tout emporter. La cristallisation de la révolte est un processus mystérieux, dont les lois nous échappent, et qui s'accomplit parfois quand on s'y attend le moins. En 1995, les premières manifestations n'étaient pas tellement plus importantes que celle d'hier. Les dernières étaient énormes. Idem pour le CIP avec Édouard Balladur ou le CPE du temps de Dominique de Villepin, mais on sait comment tout cela s'est terminé. En annonçant des réformes tous azimuts, en empilant les projets qui demandent des sacrifices à un nombre de plus en plus important de catégories sociales, surtout dans les classes populaires et moyennes, le gouvernement fait un pari osé et peut-être la même erreur qu'Alain Juppé en 1995. Car, en chargeant la barque au prétexte que tant qu'à être impopulaire il vaut mieux aller le plus loin possible, on prend le risque qu'elle coule comme en 1995 et que tout d'un coup le pays devienne ingouvernable...

>> L'intégralité de la chronique est disponible en podcast

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