La direction de la SNCF a donné son évaluation au gouvernement : l’éventuel conflit pourrait durer entre deux et trois semaines. La préconisation : faire vite. Au sein de la SNCF, il n’y a pas à l’heure actuelle d’union syndicale, et créer l’unité sera l’enjeu de la manifestation du 22 mars. La compétition entre les syndicats est attisée par les élections professionnelles en novembre. La CGT reste majoritaire mais est talonnée par l’UNSA, donc l’enjeu est double pour Philippe Martinez : la SNCF est la dernière vitrine sociale de la centrale, et lui-même est issu de la SNCF ! Il devrait donc jeter toutes ses forces dans la bataille du rail.
Qu’en est-il du côté du gouvernement ? En interne tout d’abord, le statut de la disparition progressive du statut de cheminot n’est pas – selon la SNCF – un sujet mobilisateur puisque cela ne concerne que les futurs recrutés, les anciens ne vont pas tous se sentir concernés. En externe ensuite, le gouvernement estime qu’un conflit des cheminots axé sur la préservation du statut ne sera pas soutenu par les Français. Édouard Philippe est donc persuadé qu’il ne revivra pas le grand blocage subi par son mentor Juppé en 1995 lorsqu’il était à Matignon et que les salariés du privé soutenaient alors les grévistes du rail. Autres temps, autres mœurs…
Le gouvernement semble en revanche entendre la sensibilité des Français sur la disparition des petites lignes, d’autant qu’il y a un enjeu d’environnement s’il faut remplacer par des autocars donc de la pollution. On verra si l’État fait un geste. Pour l’heure, on en est à l’exposé des méthodes... et un peu des muscles ! Du côté du pouvoir, on commence à connaître la musique. Premier temps : un rapport qui pose les problèmes est publié. Deuxième temps : on discute sur la base d’un projet mais le gouvernement ne demande pas la permission aux partenaires sociaux. Enfin vient le temps de la décision. L’épreuve de force se nouera à ce moment-là au printemps.
Additif : nous évoquions hier la réflexion en cours à l’Élysée sur la possibilité que le président Macron aille à la traite des vaches au salon. Selon la responsable de la communication d’Emmanuel Macron, il a finalement décidé de ne pas le faire (sauf nouveau coup de théâtre), mais on confirme que le président ira voir toutes les filières, quel que soit le temps que cela prenne, précise-t-on.
Réécoutez en podcast l’édito de Michaël Darmon dans le Grand Matin Sud Radio