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Nicolas Hulot veut réintroduire deux ours dans les Pyrénées

Le ministre de la Transition écologique a annoncé son souhait de réintroduire deux ourses dans les Pyrénées, provoquant la gronde immédiate des éleveurs.

 

Il n’y a pas de réponse simple à ce débat. Nicolas Hulot a pris cette décision parce qu’il ne reste plus, dans le Béarn, que deux ours mâles.

Et les femelles qui sont dans la partie orientale du massif des Pyrénées ne viendront pas jusqu’à eux. Les femelles ne s’éloignent pas de leur lieu de naissance.

Or l’un de ces deux mâles est le fils de Cannelle, la dernière représentante de la souche originelle, tuée par un chasseur en 2004. Alors, bien sûr, on peut vivre sans ours dans les Pyrénées. On peut aussi vivre sans loup, sans lynx, et puis, sans un tas d’autres animaux. Mais si nous laissons disparaître nos derniers grands prédateurs, au nom de quoi expliquerons-nous aux paysans asiatiques qu’il ne faut pas se protéger du tigre, ou aux villageois africains qu’il faut préserver l’éléphant qui vient ravager leur récolte ?

Seulement, en face, on a des éleveurs, et leur colère est également légitime.

Ils plaident pour la survie de leur activité et qui pourrait les en blâmer ? D’autant que ces éleveurs, ce sont justement ceux qui font de l’estive, qui mènent leur bête au pâturage, au lieu de les laisser enfermés dans une étable à les nourrir en stabulation. Ils sont l’honneur de leur profession. Et ils crèvent de faim.

Alors, certes, le nombre de brebis tuées par les ours est minime quand on prend les statistiques globales, mais quand un troupeau est attaqué, pour l’éleveur qui est touché, c’est un cauchemar en plus d’un traumatisme. Et ça vient s’ajouter à tout ce qui a rendu leur métier précaire et qui conduit 200 agriculteurs par an à se suicider.

Depuis les années 1980, le marché européen est inondé par des moutons néo-zélandais à bas coût, et la France, à l’époque, a accepté pour se faire pardonner le Rainbow Warrior. Depuis, de toute façon, le libre-échange s’est imposé, pas question de protéger nos agriculteurs, et surtout pas ceux qui se donnent la peine de faire de la qualité. C’est sans doute là qu’il faudrait agir plutôt que d’indemniser quelques brebis tuées par un ours.

Le problème, c’est celui de paysans dont on a oublié qu’ils étaient les premiers gardiens du paysage, et de la nature. Des paysans qu’on incite, en les mettant en concurrence avec le monde entier, à s’aligner sur l’industrialisation de l’agriculture mondiale.

Nicolas Hulot a raison de défendre la biodiversité, mais qu’il défende d’abord les paysans contre les lobbys, les agro-industriels, le libre-échange, et ils pourront, ensemble, défendre la nature dans toutes ses dimensions.

Écoutez la chronique de Natacha Polony dans le Grand Matin Sud Radio, présenté par Patrick Roger et Sophie Gaillard

 

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