single.php

On n'a pas besoin de légiférer sur la question de l'euthanasie

Le débat sur la légalisation de l'euthanasie, vieux serpent de mer, revient à la surface, à travers la tribune de 150 députés, ventant pour l'essentiel de La République en Marche.

 

C’est une des manifestations de plus des doutes qui travaillent notre civilisation. Là, on touche au coeur de ce que nous sommes, c’est-à-dire notre rapport à la mort et donc à la vie. La mort, c’est ce qui définit la condition humaine et la façon dont on la regarde, dont on la considère, est essentielle nous amène à la façon dont on considère la vie. Dans notre civilisation, nous ne donnons aucun prix à la vie. La vie est sacrée, elle peut faire l’objet de règles, on a vu le débat sur l’IVG, parce que d’autres principes entrent en considération, mais il faut toujours aborder ces problèmes avec les mains tremblantes.

Or, ce qu’il s’est passé dans ce domaine, comme dans celui du mariage et de la filiation, c’est que la loi, au fond, s’est immiscée dans des domaines où elle n’a rien à faire et où elle ne peut rien résoudre, parce que ce sont des domaines qui relèvent de la conscience de chacun. Qui peut être juge de la douleur, du déchirement, que ressentent les familles et les proches de celui qui est aux portes de la mort et qui souffre ? Personne. C’est un cas de conscience individuel.

Il y a une zone grise entre ce qui est susceptible de faire l’objet d’une législation, d’être réglementé, et ce qui ne l’est pas. Là, à partir du moment où on a commencé, avec la première loi Leonetti, puis une deuxième loi, on sent bien qu’on s’est engagé dans un engrenage législatif et réglementaire qui n’en finira jamais sauf le jour où on aura, finalement, autorisé l’euthanasie.

Mais autoriser l’euthanasie, c’est, qu’on le veuille ou non, donner légalement un permis de tuer. C’est, par exemple, ouvrir la porte au suicide assisté. Jusqu’à présent, on avait le devoir de porter assistance aux personnes en danger. Maintenant, on pourra aider quelqu’un à se suicider. C’est un renversement des valeurs de notre civilisation qui est très profond et dont les effets seront délétères.

Ça n’a jamais empêché personne de se suicider, de même que ça n’a jamais empêché personne de trouver des solutions quand quelqu’un souffrait trop et pendant trop longtemps en fin de vie. On n’a pas besoin de loi, parce que la loi fige tout.

Il y avait parfois une espèce d’accord implicite entre les proches, le médecin et parfois même, la victime. Mais cela doit rester de l’ordre de la conscience individuelle et non de la loi. La loi change tout. Elle codifie les mœurs, les valeurs de la société, toutes les règles qui nous engagent les uns vis-à-vis des autres.

En faisant cela, on change le rapport à la vie et le rapport à la mort. Je pense que c’est une aussi grave erreur que les règles qui touchent à la filiation ou qui la bouleversent complètement, dont on n’a pas fini de voir les effets, parce que la marchandisation du corps des femmes, et celle des enfants, ce n’est pas neutre.

Qui plus est, je trouve que ce qui s’était passé sur les lois Leonetti était une espèce de compromis raisonnables et acceptables, même si, à mon sens, on n’aurait pas dû rentrer dans ce genre de démarches. La dernière loi Leonetti a été votée par la droite et par la gauche, rédigée par la droite et par la gauche. Il y a eu des voix dissidentes, mais je trouve que c’était une bonne décision, parce que c’était des sujets de société qui ne concernent pas simplement un parti, une faction, une religion, mais qui concerne tout le monde, pour répondre à la question fondamentale d’aujourd’hui : Dans quelle société, dans quelle civilisation, voulons-nous vivre aujourd’hui ?

Écoutez la chronique d'Henri Guaino dans le Grand Matin Sud Radio, présenté par Patrick Roger et Marlène Duret

 

L'info en continu
17H
16H
15H
13H
12H
11H
Revenir
au direct

À Suivre
/