Le problème des Républicains, c’est qu’ils étaient obligés de le faire pour conserver un semblant de crédibilité et de cohérence auprès de leurs électeurs. Mais cette exclusion ne règle aucune de leurs divergences ! En fait, c’est un processus perdant-perdant. Pas seulement à cause de l’épisode grand-guignolesque de l’annulation de procédure faute de quorum… C’est en réalité sur le fond que ça coince.
Reprenons au départ. Nous sommes face à des politiques qui prétendent rester chez Les Républicains tout en se ralliant au parti d’Emmanuel Macron, alors que Les Républicains s’opposent à ce parti. L’aberration, on l’a d’abord vu pendant les législatives, où il devenait impossible pour les électeurs de savoir s’ils votaient pour un candidat de la majorité ou de l’opposition. Le comble étant l’élection de Thierry Solère à la questure, poste traditionnellement réservé à… l’opposition ! On ne peut pas être à la fois dedans et dehors. Avoir le beurre, l’argent du beurre et le sourire de la crémière. Emmanuel Macron a suffisamment expliqué sa volonté de faire éclater les anciens partis pour que les survivants ne jouent pas aux naïfs. Sauf que cette éviction ne règle rien.
Il n’y a pas une feuille de papier à cigarette entre les positions idéologiques des juppéistes et celles d’Emmanuel Macron, et c’est ce que la recomposition macronienne a permis de mettre au jour. D’accord. Mais pour ceux qui restent, ça ne permet pas de combler le vide intellectuel. Sur le plan économique, Emmanuel Macron comble à peu près tous les fantasmes des électeurs de la droite libérale. Au point d’ailleurs qu’une bonne part des électeurs de François Fillon à la présidentielle voteraient directement Macron si l’élection se rejouait. C’est bien pour ça que Laurent Wauquiez fait dans le gros rouge qui tâche en martelant sur l’assistanat, sur l’immigration, sur le mode "Je suis le seul à dire ce que les Français pensent tout bas". C’est sa seule chance d’exister, et surtout il faudrait, pour lui, pour qu’il existe, que la presse de gauche s’offusque ! Sauf qu’à aucun moment il n’explique comment il remédie à l’absence de contrôle des flux migratoires… Est-ce qu’il met fin au droit du sol, est-ce qu’il met fin au regroupement familial ? Du coup, il contrevient aux règles européennes. Alors jusqu’à quel point ? Il se garde bien d’aborder la question car elle révélerait qu’il n’est que dans la posture.
Heureusement pour lui, tout le monde regarde le doigt (les outrances), au lieu de regarder la Lune (les contradictions).