On sait qu’il faut prendre ce genre de sondage avec des pincettes, mais en l’occurrence, celui-ci ne fait que confirmer ce que tout le monde peut observer : le patron de LR a beau gesticuler, il ne parvient pas à exister.
Si l’on rejouait le premier tour aujourd’hui, François Fillon, avec toutes ses casseroles, ferait mieux que Laurent Wauquiez. Ce dernier serait à 8 %. Et Marine Le Pen, dont il espérait siphonner les voix, ferait 23 %, malgré son débat calamiteux et l’idée, qui s’est imposée, qu’elle n’a pas la stature pour diriger quoi que ce soit.
C’est sans doute le fruit de la rencontre entre sa personnalité et les idées qu’il prétend porter : plus il en rajoute dans la transgression, et plus ça sonne faux. Il faut dire qu’il ne s’y prend pas particulièrement bien.
Venir défendre l’idée d’un référendum sur l’immigration alors qu’il est le contributeur d’un petit livre, les 101 mots de la démocratie française, qui rappelait, en 2002, que les référendums sur les questions de société ne sont pas autorisés par la Constitution, c’est pour le moins maladroit. Ou plutôt, ça semble confirmer ce qu’il confiait à des étudiants de Lyon : cela relève du bullshit médiatique qu’il sert quand il est en public.
Au-delà de ça, Laurent Wauquiez est pris en étau : Emmanuel Macron fait la politique économique dont n’osaient rêver les électeurs de droite, et il assume une posture autoritaire qui ravit les nostalgiques du bonapartisme. Il se fait traiter de fasciste par l’Obs pour sa politique migratoire, et il se fait agresser sur un plateau télé par Edwy Plenel.
C’est pour ça que Laurent Wauquiez est obligé d’aller chasser sur les terres du FN.
Et tout le monde entonne le couplet de la droitisation, ou plutôt de l’extrême-droitisation. Mais c’est une erreur de perspective. Laurent Wauquiez propose de revenir sur le droit du sol. C’est-à-dire de faire en sorte qu’un enfant né de parent immigré clandestins ne puisse pas devenir Français.
Aujourd’hui, il faut qu’il puisse justifier d’une présence continue sur le territoire, mais de fait, une fois qu’on est sur le territoire français, on n’en part plus. Alors, proposition digne du FN ? En fait, il serait bien d’avoir un peu de mémoire.
Dans les années 1990, le RPR proposait dans son programme l’immigration zéro, une quasi préférence nationale, et un code de la nationalité sur le modèle des lois Pasqua. À l’époque, le président du RPR est un certain Alain Juppé. Depuis, le RPR a abandonné cette ligne, et les électeurs ont glissé vers le FN. Mais pour les récupérer, il faut éviter de les prendre pour des idiots.
Écoutez la chronique de Natacha Polony dans le Grand Matin Sud Radio, présenté par Patrick Roger et Sophie Gaillard