single.php

Polémique sur le voyage en avion d’Édouard Philippe

La polémique autour du voyage en avion à 350 000 euros d'Édouard Philippe ne désenfle pas. Mais est-ce qu'on a raison de se focaliser là-dessus ?

Après la réponse du Premier Ministre, on a eu les cellules d’investigation pour vérifier chacune de ses affirmations. Donc, on sait que le fameux conseil de défense n’a pas eu lieu cette semaine-là le mercredi, comme habituellement, mais le vendredi, à cause du déplacement d’Emmanuel Macron en Algérie. On sait aussi que l’argument selon lequel il fallait qu’il soit rentré avant que le Président n’ait quitté le territoire national est recevable, puisque cette règle édictée par de Gaulle et suivie jusqu’à Valéry Giscard d’Estaing est revenue au goût du jour après une polémique lancée par Isabelle Balkany contre François Hollande et Manuel Valls après un attentat. Bref, les investigateurs ont investigué, et on va peut-être pouvoir passer à autre chose.

Mais tout de même, 350 000 euros, il est normal que ça déclenche des réactions, non ?

Certes, mais c’est le type même de la polémique qui n’apporte rien au citoyen. Bien sûr qu’il faut mesurer les deniers publics, bien sûr qu’il y a eu trop d’abus pendant trop longtemps, et que c’est inadmissible quand, en parallèle, on demande des efforts aux citoyens. On aurait préféré autant de vigilance à propos de la soirée à la gloire du ministre de l’Économie Emmanuel Macron à Las Vegas pour 380 000 euros.

Là, il y a eu une procédure douteuse, mais ça intéressait nettement moins les journalistes pendant la campagne présidentielle. Mais en matière d’avion, on a aussi reproché à Jean-Luc Mélenchon d’avoir voyagé en première. Sur un vol Tokyo-Paris, il vaut mieux que le Premier Ministre puisse s’allonger, ce qu’il ne peut pas faire dans un avion militaire. Cela dit, c’est l’arroseur arrosé. La République en Marche a centré la campagne présidentielle sur les questions d’exemplarité, c’est le genre de processus de défiance qu’on a du mal à arrêter. Et pourtant, il y aurait tant d’autres sujets à traiter.

Quand le gouvernement, sur ordre de Bercy, de l’Inspection des Finances, refuse un moratoire sur les grandes surfaces alors que 1 million de m² supplémentaires sont prévus en 2018, qui vont tuer un peu plus les villes moyennes, c’est un scandale. Qui passe totalement à l’as. Pour l’avenir de la France, les enjeux sont là : dans la capacité des politiques à reprendre la main sur le pouvoir oligopolistique des multinationales. C’est beaucoup plus grave qu’un voyage en avion.

Écoutez la chronique de Natacha Polony dans le Grand Matin Sud Radio, présenté par Patrick Roger et Sophie Gaillard

 

L'info en continu
08H
07H
04H
23H
21H
19H
18H
17H
Revenir
au direct

À Suivre
/