À Bercy, on a travaillé tard, parce que c’est un moment crucial pour le quinquennat.
Le ministre de l'Action et des Comptes publics Gérald Darmanin a reçu pendant des semaines tous les ministres pour passer leurs dépenses et recettes à la moulinette. Pendant cette période, il commençait toutes ses journées en lisant une lettre de François Mitterrand à Anne Pingeot. Ça change des lettres de cadrage.
Emmanuel Macron a beau avoir donné la consigne "On arrête de dépenser, on économise", tous les ministres sont venus avec des demandes de budget supplémentaire. Ça faisait 22 milliards au total !
Il a fallu faire redescendre tout le monde sur Terre.
On connaît les lignes fortes. Près de 16 milliards d’économies, avec des choix politiques mis en avant. Les salariés du privé avantagés, les retraités vont payer, bref les baby-boomers passent à la caisse. Les ministères régaliens augmentent, notamment + 6 % pour l’Intérieur, + 4 % pour la Justice, mais surtout 1,7 % supplémentaire pour l’armée.
Les fameux 850 millions supprimés dans le budget de l’armée concernaient les OPEX. Ces fameuses opérations extérieures qui, bizarrement, sont payées par tous les autres ministères. Quand l’armée s’installe au Mali, c’est l’Agriculture qui paie, c’est la Culture… C’était une règle instaurée par le président Chirac du temps où ça ne coûtait que 100 millions d’euros par an.
Quand Macron est arrivé à l’Elysée, il a voulu changer la donne et ça a allumé la mèche avec le général De Villiers.
Le budget 2018 sort tout chaud de l’imprimerie, imprimé cette nuit à 1h du matin. Le ministre a posté ce moment sur les réseaux sociaux avec une petite vidéo, comme quoi Darmanin n’oublie pas non plus de budgéter son ambition. Il n’oublie pas que le budget est la première case à cocher quand on veut aller loin.
Écoutez l'édito de Michaël Darmon dans le Grand Matin Sud Radio, présenté par Patrick Roger et Sophie Gaillard