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Quand les caisses automatiques des supermarchés poussent les clients à voler

Une chercheuse britannique a démontré que les supermarchés équipés de caisses automatiques étaient bien plus susceptibles d'être victimes de vols. On en parle avec Natacha Polony.

Focus sur les caisses automatiques de supermarchés. Les supermarchés sont en train de s’équiper de ce genre de caisse partout dans le monde. Il y en avait 190 000 en 2013, il y en aura 325 000 en 2019. Le but ? Augmenter le rendement en diminuant les coûts. C’est le type même d’évolution qui utilise la technologie uniquement pour maximiser le profit. Avec un prétexte : vous ferez la queue moins longtemps. Ce qui reste à prouver. Sauf qu’une chercheuse britannique vient troubler ce tableau idyllique. Elle a démontré que les supermarchés équipés de caisses automatiques ont 82% de risques d’être victimes de vol contre 52% pour ceux qui ont gardé leurs caissières. Un client sur cinq reconnaît frauder régulièrement aux caisses automatiques et le montant total pour le commerce britannique se compte en milliard.

Autrement dit, les gens autrefois honnêtes se mettent à voler, fatalement. Connaissez-vous le mythe de l’anneau de Gygès dans la République de Platon ? Un anneau qui rend invisible. Bien évidemment, quiconque acquiert ce don est incapable de résister à la tentation du mal. C’est la peur d’être confondu qui nous retient. Pas vu pas pris. Mieux, la chercheuse a déterminé quatre profils de fraudeurs : celui qui a commencé par hasard, en se trompant, et qui s’aperçoit que c’est facile. Les échangeurs, qui enregistrent des carottes alors qu’ils ont pris des avocats, beaucoup plus chers au poids. Les irrités qui accusent la machine de mal fonctionner. Enfin les compensateurs, qui estiment que le magasin leur fait faire une partie du travail et qui se remboursent. Ceux-là sont des militants politiques qui luttent contre la destruction des emplois par l’automatisation.

Mais le phénomène est intéressant. Dans une société où les gros, les multinationales de la grande distribution par exemple, cherchent à faire un maximum d’argent en détruisant des emplois et en payant le moins possible d’impôts et de charges, tous les autres sont incités à jouer à ce petit jeu du chacun pour soi. Le délitement des règles communes commence par là. Les autres le font, pourquoi pas moi ? La préservation du bien commun passe par le respect de la morale. Nos sociétés croient pouvoir réguler par des instances neutres moralement, le droit et le marché. Mais quand le marché aboutit à soumettre les gens à la tentation, l’absence de morale commune provoque ce genre de comportement. Les antidotes ? L’éducation et le refus de mettre le profit au cœur de notre pacte social.

>> L'intégralité de la chronique est disponible en podcast

 

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