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Réforme institutionnelle : des mesures qui ne guériront pas la démocratie française

Baisse du nombre de parlementaires et retour de la proportionnelle sont les deux grands axes de la prochaine révision de la Constitution. Des mesures essentiellement symboliques qui ne s’attaquent pas aux vrais problèmes.

Assemblée nationale (©Christophe Archambault - AFP)

Il y a d’abord l’affichage : la démocratie est en crise, on a touché en 2017 les limites de ce système majoritaire et présidentiel, et les citoyens ont de plus en plus l’impression d’être confrontés à une classe politique détachée de leurs réalités, qui s’auto-reproduit. Il faut avouer que la chronique judiciaire avec les frasques de Jean-Vincent Placé apporte une petite illustration de ce que les Français ne veulent plus voir.

Mais est-ce que quelques députés en moins et un peu de proportionnelle en plus résoudra le problème ? On flatte l’opinion en lui expliquant que les députés coûtent trop cher, mais on va continuer à les laisser infiltrés par les lobbies. On prétend répondre au scandale du scrutin majoritaire (un seul parti qui capte 350 sièges avec 14,5% des inscrits au premier tour), mais on brandit le spectre des coalitions introuvables en Allemagne ou en Italie pour éviter de réfléchir au processus démocratique dans son ensemble.

Les différentes réformes ont détruit les équilibres de la Vème République. Elle ne sert plus qu’à perpétuer – avec de nouvelles têtes cette fois-ci depuis 2017 – un système délégitimé. La démocratie est avant tout un processus : il part du bas et de l’implication de chacun dans la chose publique. Ça nécessite une démocratie locale, fondée sur des communautés politiques à échelle humaine. Ça peut d’ailleurs passer dans certains cas par le tirage au sort de certains représentants, pour casser les effets de caste. La démocratie nécessite aussi une éducation qui forge le libre-arbitre, un équilibre entre les territoires, une définition du rôle des différents échelons (commune, département, région, nation), mais ça nécessite surtout un minimum de courage et d’honnêteté de la part des politiques.

Ce qui détruit la démocratie, ce n’est pas le coût d’un député ou la dose de proportionnelle ! Les politiques – et c’est bien le problème – ont depuis très longtemps renoncé à leur pouvoir. D’abord en décrétant que l’économie prévalait sur le politique. Ensuite en signant des traités européens qui vident de sa substance la démocratie nationale et qui interdisent tout retour en arrière ou tout changement d’orientation…

Cette réforme ne changera rien à tout ça.

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