C’est paradoxal : c’est le syndicat Force Ouvrière de la branche commerce qui s’inquiète pour les salariés de leur branche parce qu’ils disent qu’ils seront "bientôt transformés en vendeurs de billets de banque". Pourquoi ? Eh bien parce qu’une directive européenne va entrer en vigueur le 13 janvier prochain et autorisera les commerçants à vous fournir de l’argent liquide. On appelle ça le cash-back : retirer de l’argent liquide lors de votre passage en caisse. Pour le syndicat, comme on ferme des agences bancaires, il sera plus difficile de retirer de l’argent à son guichet et cette directive arrive donc à point nommer pour contourner ces fermetures.
Tout cela pose des questions sur la faisabilité mais surtout la responsabilité qui va incomber à ces caissiers et caissières de manipuler de l’argent liquide. Citons aussi la polyvalence de plus en plus grande qui leur sera demandée sans compensation. La rapidité d’exécution exigée également, et puis il y a des questions importantes autour de la sécurité de ces salariés en manipulant et détenant autant de liquidités.
C’est une directive qui s’appelle D2-P2 qui doit faire évoluer les services de paiement au sein de l’Union européenne. Elle comprend ce service de cash-back (pouvoir retirer jusqu’à 60 euros). La Fédération du commerce et de la distribution y est plutôt favorable car le cash représente encore près de 30% de leurs encaissements, et ça coûte très cher à gérer. Ce qui peut paraître paradoxal dans cette affaire, c’est l’utilisation et la pérennité de nos 56 000 distributeurs de billets de banque. Paradoxal encore quand on sait que la France est lancée depuis deux ans dans un vaste processus de simplification des moyens de paiement (paiement sans contact, avec son smartphone, etc.). Autrement dit, la fin programmée de l’argent liquide. Les négociations sont en cours pour fixer les modalités d’une telle révolution à la caisse de votre supermarché.