J'approuve le sénateur Retailleau, qui disait hier que François Fillon était un combattant et un résistant, mais il s'agit de savoir pourquoi on combat et au nom de quoi on résiste. Je suis très étonné de l'entêtement de François Fillon, qui, avec une classe folle et absurde, demeure sur un bateau qu'il est en train de faire couler, ce que j'admire moins que je ne le déplore. Je ne parle même pas des défections autour de lui, elles ne sont pas des preuves en elles-même, mais il est clair que François Fillon, à l'heure actuelle, n'a plus la légitimité pour mettre en oeuvre l'excellent programme qu'il a développé lors de la primaire.
Si j'en voulais un exemple éclatant, je le chercherais dans la démarche tout à fait incohérente qu'il a adopté à l'égard de la justice. D'abord, il s'inscrit dans un courant qui est à chaque fois le même. Lorsque des politiques sont mis en cause, à tort ou à raison, dans le cadre d'une procédure judiciaire, leur premier mouvement n'est pas de s'interroger sur eux-même ou de se taire, c'est de dire qu'il y a un complot de la justice, que la justice est de gauche quand ils sont de droite et de droite quand ils sont de gauche. Tout cela, depuis des jours et des jours, avec cet acharnement, cette outrance, même si François Hollande n'a aucune leçon à donner dans ce domaine, l'a conduit, me semble-t-il, à ne pas suffisamment examiner les solutions politiques, qui tiennent probablement à la nécessité de son remplacement. Est-il trop tard ? Je n'en sais rien, mais c'est fondamental. Sinon, la droite et le centre vont droit dans le mur démocratique et ce ne seront pas les magistrats les responsables. Ce sera une forme d'entêtement de classe autarcique et pathétique de François Fillon.
Reste que sa démarche est honorable et pathétique. Honorable, parce qu'il en prend - pardonnez l'expression - plein la tête, mais elle est pathétique, parce qu'il fait perdre son camp. Le bateau coule et il demeure dessus.