Sortie de crise, devenir des otages et de la question palestinienne, sentiment d'insécurité grandissant : André Bercoff nous dit tout en direct d'Israël !
Pour son deuxième jour d'envoyé spécial à Israël, André Bercoff nous fait part des nombreux témoignages recueillis à propos d'une sortie de crise dans un futur lointain, de l'état d'esprit des civils sur place et notamment du sentiment d'insécurité qui grandit, du devenir des otages détenus par le Hamas ou encore de la question palestinienne.
Retrouvez André Bercoff - Envoyé spécial en Israël
Retrouvez ci-dessous la retranscription automatique des 5 premières minutes de votre émission :
"Une sorte de nazi mais sans prépuce, est-ce que c'est revenu jusqu'en Israël ou pas ?"
Jean-Marie Bordry : André Bercoff envoyé spécial sur Sud Radio en Israël, à quelques dizaines de kilomètres de la bande de Gaza. Toujours avec nous André Bercoff, je le disais, alors même que la population israélienne est toujours traumatisée par ce qui s'est passé le 7 octobre dernier, elle assiste de loin et sur les réseaux sociaux à ce qui se passe un peu partout dans le monde. On a parlé hier de la chasse aux juifs qui s'est orchestrée et organisée dans le Dagestan, c'est en Russie, dans le Caucase russe. Parlons de ce qui se passe en ce moment en France, des étoiles de David taguées sur les maisons de certains juifs, une quarantaine d'étoiles de David, ou une soixantaine même dans le 14e arrondissement de la ville de Paris. D'autres à Aubert-Villiers, d'autres également à Saint-Ouen. Je vais aussi vous faire écouter quelque chose André Bercoff, c'est une des polémiques du moment, ça se passe en France. C'était sur une radio de service public ce week-end avec un humoriste du nom de Guillaume Meurice, il parlait du Premier Ministre israélien, écoutez. "Alors Halloween approche et tout le monde commence à chercher un déguisement pour faire peur. Alors en ce moment il y a le déguisement Netanyahu qui marche pas mal pour faire peur. Vous voyez qui c'est ? Une sorte de nazi mais sans prépuce." Une sorte de nazi mais sans prépuce, est-ce que c'est revenu jusqu'en Israël ou pas ?
André Bercoff : Tout à fait, tout à fait, c'est très commenté, vous savez, avec les réseaux sociaux, avec internet, et avec la communication de l'ordre, évidemment, on en parle depuis ce matin. Et alors, bon, ceux qui sont pour la liberté d'expression, et d'ailleurs c'est la plupart, disent très intéressant, on se dirait, c'est Radio Paris en 42, voilà, on refait des bonnes blagues.
Jean-Marie Bordry : On n'a pas oublié d'opposer un point Godwin à un autre, mais ceci dit, effectivement, ça a fait scandale.
"Et c'est ça qu'ils veulent, ça y est, c'est à nouveau la Chasse aux Juifs."
André Bercoff : Ça fait, oui, c'est ça, faut pas tomber dans le point goglus. Mais après, moi je suis totalement, comme vous le savez, pour la liberté à l'expression, vous savez Jean-Marie. Et chez nous, c'est ce qu'on pratique. Maintenant, écoutez, on a les plaisanteries qu'on peut ou les plaisanteries qu'on veut. Mais en fait, c'est surtout l'histoire des étoiles, parce qu'on en a vu des étoiles, vous savez, apposées sur des immeubles ou des appartements, parce qu'il n'y a pas eu que Paris, apparemment il y a eu Berlin. C'est intéressant de voir des étoiles. Alors, vous savez, et c'est intéressant que vous me parlez de ça, parce qu'ici, on a l'impression que l'histoire refait surface. Vous allez me dire, mais l'histoire n'a jamais été abandonnée. Oui, mais encore une fois, il y avait ce sentiment d'invincibilité, mais surtout de sécurité. Et c'est ça qu'ils veulent, ça y est, c'est à nouveau la Chasse aux Juifs. C'est perçu, en tout cas, par certains comme ça, en disant, est-ce que là, on veut quoi ? On refait les étoiles de David, on veut quoi ? Et justement, des personnes à qui on parlait hier soir, il dit, vous croyez que c'est uniquement ici, mais vous allez voir chez vous, c'était avant qu'on sache l'histoire des étoiles et compagnie. Donc, il y a eux ici, en tout cas, c'est extrêmement vécu comme la réunion nationale, ça va rester ou pas, je ne sais pas. Mais c'est vécu aussi en disant, mais qu'est-ce qui se passe en Europe ? Et c'est surtout l'histoire des étoiles qui fait beaucoup...
Jean-Marie Bordry : C'est de très loin les plus symboliques. Rappelons d'ailleurs que dans ce contexte, la délégation israélienne au Conseil de sécurité des Nations unies s'est présentée elle-même avec des étoiles de David sur sa veste. C'est globalement l'état d'esprit qui règne en ce moment.
"Là c'est l'histoire qui a enfoncé la porte."
André Bercoff : Évidemment, on peut dire que c'est du symbolisme de communication, mais d'un autre côté, incontestablement, beaucoup de gens, en tout cas parmi ceux que j'ai vus, qui ne pensaient pas du tout à tout ça, je vous dis, l'histoire, je disais souvent que le réel frappe à la porte. Là c'est l'histoire qui a enfoncé la porte. Et c'est vraiment vécu comme ça. Et puis je voulais vous dire Jean-Marie, je ne sais pas si... Je l'ai rencontré hier soir, je me suis un peu baladé dans Tél Aviv, qui est vraiment pas du tout, je l'avais dit le Tél Aviv d'habitude.
Jean-Marie Bordry : C'est une ville festive d'habitude, donc raison pour laquelle vous y êtes allé beaucoup auparavant d'ailleurs, mais l'ambiance a complètement changé.
André Bercoff : Voilà, et j'ai rencontré dans un café deux Arabes Israéliens avec qui, justement, j'ai commencé à discuter, etc. Alors c'est intéressant parce que eux, ce que eux m'ont dit, bon, ils apprennent pas du tout, en tout cas. Évidemment, on vous parlait un peu, je ne sais pas qui je suis, je ne suis pas présenté comme journaliste, on a discuté en anglais, évidemment, et en arabe aussi, comme vous savez, je parle arabe un peu. Et ce qui m'ont dit c'est intéressant, parce que eux disaient, ils condamnaient, enfin ils pouvaient que c'était assez lamentable ce qui s'est passé. Mais, mais, disaient-ils, écoutez, la question palestinienne était enterrée et elle refait surface. Elle refait surface, on ne parlait plus, on pensait que la question palestinienne c'était par perdre ses profits, et malheureusement, disaient-ils, eh ben écoutez, il fallait en parler, mais je lui ai dit, pourquoi il fallait en parler de cette façon ? (...)