Par André Bercoff
avec Erik Tegnér, Charles-Henri Gallois, Marc Serrano, Nora Bussigny
Émission du 19 septembre
Au programme :
Que se passe-t-il à Lampedusa ? / Une association caritative ne veut pas que des fonds récoltés via une journée taurine aillent à l'hôpital. / Un "YouTubeur" franco-marocain explique comment frauder pour avoir des allocations sociales. / Nora Bussigny nous explique qui sont les "nouveaux inquisiteurs"...
Les invités
Avec Erik Tegnér, directeur de la rédaction de "Livre Noir" ; Charles-Henri Gallois, président de Génération Frexit et auteur de "Les Illusions économiques de l'UE" ; Marc Serrano, matador ; Nora Bussigny, journaliste et auteure de "Les nouveaux inquisiteurs" publié chez Albin Michel.
Retrouvez Bercoff dans tous ses états avec André Bercoff du lundi au vendredi de 12h à 14h sur #SudRadio.
Retrouvez ci-dessous la retranscription automatique des 5 premières minutes de votre émission :
"Dans une île, dans une île..."
André Bercoff : Voilà, ça se passe dans une île, dans une île, ça se passe aujourd'hui au moment où on est là, avec vous, auditeurs de Sud Radio, on parle. Et bien, la semaine dernière, la semaine dernière, 10 000 migrants en provenance d'Afrique du Nord et d'Afrique subsaharienne ont débarqué sur l'île de Lampedusa. Vous savez, à quelques cent... à 100 kilomètres de Tunisie, à la porte de l'Italie, la porte de l'Europe. Alors, grande réunion avant-hier, effectivement. Ursula von der Leyen était là avec Georgia Meloni, voilà le plan de l'Europe, qu'est-ce qu'on fait avec les migrants, etc. Comment ça se passe ? Et je voudrais, et je suis heureux d'accueillir aujourd'hui Erik Tegnér. ( Bonjour André.) Bonjour Erik, directeur de la rédaction de Livre Noir, qui fait d'excellentes interviews et d'excellentes enquêtes sur tout cela. Et ça fait 6 mois, Erik, que vous sillonnez un tout petit peu la région. Et puis là, vous revenez de trois jours pleins à Lampedusa et on a déjà regardé des vidéos que vous avez publiées, que vous avez diffusées. Et il y a quelque chose d'étonnant parce qu'on dit d'un côté, effectivement, on entend les ONG qui disent oui, réfugiés de guerre, etc. Et d'un autre côté, on entend les personnes que vous interviewez et qui disent non, non, non, attendez, il y a des raisons économiques et on explique pourquoi. Alors comment ça se passe ? Qu'est-ce que vous avez vu ? En résumant, évidemment, on est à la radio. Erik Tegnér, qu'est-ce que vous avez vu à Lampedusa et qui vous a confirmé dans ce que vous regardez depuis quelques mois ?
"la première équipe de journalistes français sur place à Lampedusa."
Erik Tegnér : Exactement. En effet, moi ça fait 6 mois que j'enquête sur le terrain. Je suis allé en Tunisie oùj'ai vu certains de ces migrants, en fait, qui étaient sur le point de partir à Lampedusa. Je suis allé à Ceuta dans une enclave espagnole au Maroc. J'ai fait toute la route des Balkans. Lesbos aussi qui a vécu ce que vivait Lampedusa il y a quelques années. Tout ça pour une enquête qui sort dans 10 jours le 27 septembrepour le magazine de Livre Noir. Effectivement, on était la première équipe de journalistes français sur place à Lampedusa. Et ce que j'y ai vu était complètement à l'opposé de ce qu'on entend aujourd'hui dans lesmédias. J'ai absolument tout filmé sur place, donc tout est sourcé. Et qu'est-ce qu'il nous disait ?Globalement, à 90%, ce que j'ai interrogé, et je n'ai fait que ça non-stop pendant 72 heures, me disait, jefuis la misère dans mon pays. Je viens en Europe pour gagner de l'argent. Mon pays n'est pas en guerre. Ily avait qui ? Il y avait des Ivoriens, il y avait des Guinéens, il y avait des Maliens, il y avait des Camerounais,donc énormément de francophones, qui étaient de facto intéressés de venir en France. J'ai égalementinterviewé un Burkinabé, quelqu'un qui venait du Burkina Faso, et qui me disait très clairement, je viensaussi parce que j'aime le football, etc. Donc il y a toujours ce côté vraiment pour eux, c'est l'Eldorado laFrance, c'est un rêve. Et qui me disait, vous savez, je viens aussi pour les aides sociales. Ça, il y a la vidéosur les réseaux sociaux. (Vous le disiez comme ça, je viens pour les aides sociales.) Pour les aides sociales,et au Burkina Faso, on en parle de ces aides à la télévision et sur les réseaux sociaux.
André Bercoff : Vous voulez dire qu'à la télévision Burkina B, ils disent oui en France ?
Erik Tegnér : Ils sont complètement au courant, et j'en ai parlé justement à ces migrants-là, ils étaient aucourant de tout ça. Et j'ai vu, pour être honnête, à peu près une centaine de Tunisiens seulement, parce que j'entends les responsables européens qui disent que ce sont essentiellement des Tunisiens qui fuient lamisère économique qui effectivement existe en ce moment en Tunisie. Mais je suis tombé sur un groupe où ils m'ont dit, nous ne sommes qu'une centaine. Globalement, tout le reste, c'était de l'immigration économique, à part quelques Syriens et quelques Afghans. Et moi, il y a quelque chose à un moment donné qui m'a en fait choqué, c'est que je me suis rendu, parce que je faisais des allers-retours entre le hot spot, qui était ouvert à la presse, en tout cas à l'entrée, et le bateau où justement ces migrants étaient amenés, après avoir été enregistrés.
"L'accès au travail est plus facile."
André Bercoff : D'où débarquent ces migrants, le bateau ?
Erik Tegnér : Ils débarquent, ensuite ils vont au Hotspot, ils y passent quelques jours, puis ils sont enregistrés, et ils sont ramenés à des bateaux, des bateaux de la marine italienne, qui les amènent là en Sicile et en Italie, pour ensuite les répartir en Europe. Et à ce moment-là, du coup, j'ai interviewé tous ces migrants, qui m'expliquaient à nouveau, nous venons pour des raisons économiques, quand je leur demandais d'ailleurs, mais vous savez, il y a également du chômage en France et en Europe. Ils me répondaient, oui, mais l'accès au travail est plus facile. Je leur disais, mais vous pourrez travailler si vousn'avez pas de papiers ? Ils me répondaient, mais oui, je le pourrais, parce que j'ai de la famille là-bas, quime dit que c'est possible, et qui me dit que derrière, peut-être que je gagnerais ces papiers. C'estintéressant, parce qu'en ce moment, on parle de la question du possible appel d'air, si jamais on légaliseces 100 papiers qui travaillent sur les métiers en zone tendue. Et lorsque j'ai interviewé ces personnes-là, ily a une personne de l'European Union for Asylum, c'est-à-dire, en fait, un groupe de l'Union Européenne,exactement, qui est financé par l'Union Européenne, qui s'occupe de l'asile. Et elle vient me voir cettepersonne, elle me dit, vous n'avez pas le droit de filmer les visages de ces migrants. Je lui dis, maispourquoi en fait, à un moment donné ? Vous savez, je suis habitué aussi à voir toutes ces vidéos d'SOSMéditerranée, où on voit des migrants qui disent, nous sommes des réfugiés de guerre, et c'est sur lesréseaux sociaux, c'est alimenté, c'est sur le site internet. Donc je lui dis pourquoi ? (...)