L’économie en zone euro au troisième trimestre s’est contractée de 0,1%, tandis que celle des Etats-Unis croissait de 1,2%. Un contraste saisissant.. mais pourquoi l'économie européenne décroche face à l'économie américaine ? Pour en parler, André Bercoff reçoit Marc Touati.
Les invités
Ça balance dans Bercoff dans tous ses états
Retrouvez ci-dessous la retranscription automatique des 5 premières minutes de votre émission :
"Marc Touati vous faites exprès de démoraliser d'atteinte aux morales de l'armée, c'est quoi ça ?"
André Bercoff : Alors je ne comprends pas moi, oui vous savez c'est l'hymne européen, bien sûr l'hymne européen en droite ligne de chez Beethoven. Et je ne comprends pas, moi j'ai écouté Bruno Le Maire et vous savez moi je crois toujours en ce que dit Bruno Le Maire. Oui franchement Bruno Le Maire il ne nous a jamais trompé. Quand il racontait qu'il allait mettre à genoux l'économie russe, ben voilà ça s'est à réaliser. Franchement le riche est dans un état, le pauvre Poutine m'en dit un peu partout, là ça va pas du tout. Et puis là il nous dit que la France ça va très très bien, on n'est pas loin du plein d'emplois, l'euro ça va très bien. Et voilà-t-il pas que Marc Touati, eh ben il n'est pas d'accord, l'économiste Marc Touati il n'est pas d'accord. Il vient de nous faire encore une alerte, la France est l'un des pays de la zone euro où l'inflation est la plus forte. Marc Touati vous faites exprès de démoraliser d'atteinte aux morales de l'armée, c'est quoi ça ?
Marc Touati : Bonjour cher André, bonjour à tous et à toutes, non non je vous rassure, moi je suis de nature optimiste mais encore une fois il faut dire la vérité. Donc le problème c'est qu'on est dans le déni complet, c'est complètement fou, donc que ça soit effectivement sur l'inflation, on a même eu les chiffres de croissance en début de semaine où tous les indicateurs avancés montraient une baisse du PIB et aux surprises on a une petite hausse, 0,1% de la richesse qu'on crée en France. Alors c'est complètement fou parce qu'on nous dit notamment que la consommation des ménages a augmenté de 0,7%. Donc tous les indicateurs avancés de l'Insee sur la consommation annonçaient une baisse. Alors on regarde dans le détail parce qu'évidemment on ne comprend pas ce qu'il se passe, l'Insee met une petite note de bas de page entre guillemets en disant là, on a changé de méthodologie pour mesurer la consommation. Mais donc on nous dit qu'à peu près un tiers de la baisse de la consommation des mois de précédent a été effacé comme ça, comme par miracle. Bon encore une fois je dis, ce qui est très dangereux c'est qu'on ne peut pas éviter l'inévitable. Donc on le voit bien malheureusement, l'économie française est en train de baisser très fortement et même les chiffres du chômage, vous l'évoquez tout à l'heure, on a une augmentation du chômage qui est là. Et là aussi c'est ce problème parce que normalement on a d'abord la baisse de l'activité et ensuite la baisse du chômage. Et là c'est le chômage qui augmente avant la baisse de l'activité. Et puis donc vous venez de dire l'inflation, c'est vrai que c'est quand même une vraie surprise, enfin une vraie surprise, pas pour nous parce que ça fait longtemps qu'on le dit, mais on n'a pas arrêté de nous bassiner en disant que la France avait le meilleur taux d'inflation. Maintenant on a les chiffres d'Eurostat, donc les chiffres européens harmonisés qui viennent de sortir. Officiel, oui. Officiel, officiel. Et qui montre que finalement la France est le 16ème pays de la zone euro où il y a le plus d'inflation. Le 6ème. Voilà, donc on est à 4,5%, ce n'est pas non plus dramatique. Mais bon, on est très très loin effectivement de la baisse des prix tant annoncée. Donc ça veut dire que l'inflation reste élevée. Et alors bon, pour ne pas ranger les choses, ou tout le moins pour cerise sur le gâteau va-t-on dire ce matin, on a eu les chiffres du déficit public.
"On a déjà connu des chiffres pareils ou pas ?"
André Bercoff : Ah oui, et alors ?
Marc Touati : Déficit de l'État français, un record absolu sur les 9 premiers mois de l'année. C'est-à-dire que par rapport à l'année dernière, c'est 40 milliards d'euros de plus. On est à peu près à quasiment 190 milliards. Et par rapport au précédent sommet qui était en 2021, donc à l'époque encore en pleine pandémie, il y a 11 milliards de plus.
André Bercoff : C'est incroyable. Depuis combien de temps ? C'est historique ? On a déjà connu des chiffres pareils ou pas ?
Marc Touati : Si vous voulez, on a les chiffres de déficit juste de l'État simplement, sans compter les collectivités locales, les collectivités sociales, etc. L'État français, juste l'État français. L'État français sur les 9 premiers mois de l'année, donc on est à 186 milliards d'euros. Donc l'année n'est pas terminée, comme vous le savez. Et donc par rapport au précédent sommet historique qui était donc 2021, c'est-à-dire l'année du coronavirus, c'est la suite, si vous voulez, du coronavirus, il y a encore 11 milliards de plus.
André Bercoff : Alors attendez, Marc Touati, on voudrait savoir.
Marc Touati : Ça devient complètement extrêmement inquiétant.
"Mais ce qui est clair, c'est qu'il y a quand même une anomalie."
André Bercoff : Alors, très franchement, elles viennent d'où ce déficit ? Qui creuse comment ? Qui est comment surtout ? Et par quoi ce creux se déficit ?
Marc Touati : Pour l'instant, malheureusement, je vais dire, ou heureusement, on n'a pas encore le détaque des chiffres, mais ce qui est clair, c'est qu'il y a quand même une anomalie. Comme vous le savez, donc il y a eu une forte inflation. Et donc l'inflation, quand elle augmente, ça fait augmenter les recettes de TVA, notamment. Donc normalement, on devrait avoir une réduction du déficit, puisqu'on a plus de recettes de TVA notamment, de l'inflation, et là ça baisse. Et on nous dit qu'il y a de la croissance, donc on peut se dire qu'il y a de la croissance, il doit y avoir plus de rentrées également fiscales sur les entreprises, sur la consommation, et pourtant ce n'est pas le cas, le déficit public augmente. Ça veut dire quoi ? Ça veut dire que les dépenses augmentent plus que les recettes. Donc comme les recettes sont en train d'augmenter, grâce aux éléments que j'ai vécu tout à l'heure, c'est-à-dire que les dépenses sont en train d'exploser. Mais on n'a pas encore le détaille des chiffres. Donc on comprend si pourquoi on a ce PIB qui augmente miraculeusement. (...)