L'islamisme, cette doctrine qui prône l'Islam comme une idéologie politique, semble au coeur de bien des polémiques, associée bien souvent aux actes terroristes perpétrés dans le monde... Mais comment en est-on arrivé là ? Pour en parler, André Bercoff reçoit Malika Sorel-Sutter, ancienne membre du Haut Conseil à l'intégration.
Les invités
Ça balance dans Bercoff dans tous ses états
Retrouvez ci-dessous la retranscription automatique des 5 premières minutes de votre émission :
"Qui va contester que nous baignons dans la plus tendre des insouciances aujourd'hui ?"
André Bercoff : Ah oui Charles Trenet, c'est vrai. douce France, berce de tendre insouciance. Vous avez vérifié que qui va contester que nous baignons dans la plus tendre des insouciances aujourd'hui ? Oui, écoutez, il vaut mieux rire de peur d'être obligé d'en sangloter. Malika Sorel-Sutter, alors dimanche, c'était la marche contre l'antisémitisme. On a vu les réactions, les différentes réactions, et puis hier, aujourd'hui, et malheureusement encore demain, c'est ce qui se passe entre Israël, Gaza, la Palestine, les pays arabes, etc. Et puis, et puis, on a vu un peu partout, surtout les médias, les gens s'exprimaient, que ce soit d'un côté la mosquée de Paris, d'un autre côté le grand rabbin, et puis tous les autres, etc. Dans ce gloubi-boulga de paroles où le pathos l'emporte de très loin sur le logos, enfin l'émotion, etc. Malika Sorel-Sutter, vous avez écrit, d'ailleurs, vous avez reçu pour ça un très beau livre que je recommande, les dindons de la farce, parce que vous le racontez, tout cela dans ce lieu paru chez Albert Michel, les dindons de la farce. Au fond, qu'est-ce qu'on peut dire aujourd'hui avec cette espèce de tension qui monte, cette espèce de vraiment de, je ne dirais pas d'hystérie, mais enfin de vraiment d'intensité, quelquefois presque obscène ? Qu'est-ce qu'on peut dire aujourd'hui de ce qui se passe ?
Malika Sorel-Sutter : Alors, la tension dont vous parlez, c'est celle à l'intérieur de la société française, ou celle chez les politiques qui sont affolés de perdre leur privilège.
André Bercoff : Je crois les deux en général.
"Et j'avais dit qu'en l'absence d'intégration culturelle, ces enfants continueraient à avoir le cœur qui bat avec ce qui se passe à l'autre bout de la planète."
Malika Sorel-Sutter : D'accord, très bien. Les tensions au sein de la société française, j'avais écrit dès 2007 dans un de mes livres, que n'importe quel enfant issu de l'immigration se sentirait plus proche, pour des raisons culturelles, d'un musulman qui se trouve à l'autre bout de la planète que du français non musulman qui habite sur le même palier.
André Bercoff : Pourquoi ?
Malika Sorel-Sutter : Parce qu'il y a une histoire partagée, il y a le fait que dans un rapport que je cite dans mon dernier livre de l'Union Européenne des ministres de l'immigration, qui date de 1991, ils expliquaient bien que pour la plupart des migrants, donc les migrants qui venaient de sociétés musulmanes, culture et religion se confondent. Il y a une dimension affective et morale qui est extrêmement importante que les dirigeants occidentaux ont sans cesse minimisé quand ils l'ont pas ignoré. Et j'avais dit qu'en l'absence d'intégration culturelle, ces enfants continueraient à avoir le cœur qui bat avec ce qui se passe à l'autre bout de la planète. Et c'est également pourquoi j'avais convaincu Simone Veil, elle m'a suivi, de refuser d'intégrer le terme de diversité, le concept en fait de communautarisation de la France, dans le préambule de la constitution française. Parce que ça voulait dire qu'on officialisait l'existence de communautés et je disais que si c'était le cas, nous irions encore plus vite vers la libanisation de la France et vers le fait que chaque communauté se dresserait contre l'autre. C'est un peu ce qui nous arrive aujourd'hui. Et les enfants, ce parti des enfants des enfants d'immigration et les IFOP le montrent, ne se sont pas intégrés culturellement puisque quand vous voyez que 74% des enfants qui ont moins de 25 ans placent les lois de l'islam au-dessus des lois de la république, il n'était que 25% pour les plus de 35 ans. Ça montre là que le pouvoir politique, l'État, a totalement échoué dans l'intégration et même, plus grave, les actions politiques ont été menées, ont permis à l'intégration culturelle de régresser puisque nous voyons que les générations précédentes s'intégraient culturellement davantage. Et s'intégrer culturellement, ça veut dire également que vous avez le cœur et l'esprit qui se sentent plus proches de ce qui concerne la terre d'accueil et donc vous serez moins ponts à importer sur la terre d'accueil les problèmes qui concernent vos terres d'origine parce que bien entendu, je l'ai toujours dit, le conflit israélo-palestinien n'est pas un conflit israélo-palestinien, sinon ça serait réglé depuis très longtemps. C'est un conflit israélo-arabe avec sous-chassant la dimension religieuse et aujourd'hui vient se greffer contre toute attente les chiites, donc l'Iran qui était les ennemis de l'Arabie saoudite depuis le décès de Mahomet, il y a ce divorce et il est enterré promptement pour les circonstances parce qu'il s'agit là de s'unir entre tous les musulmans. (...)