La ligne à haute tension qui électrise les habitants de Capbreton.
Un projet de ligne à très haute tension entre la France et l'Espagne électrise les Landes depuis cet été. Affichage de banderoles, campagnes de tractations.. le collectif Stop THT 40 s'oppose au projet et espère davantage de transparence de la part des acteurs publics et du Réseau de transport d'électricité. Pour en parler, André Bercoff reçoit Marie Darzacq, membre du collectif.
Les invités
Ça balance dans Bercoff dans tous ses états
Retrouvez ci-dessous la retranscription automatique des 5 premières minutes de votre émission :
"Expliquez-nous et pourquoi vous êtes en colère ?"
André Bercoff : De quoi s'agit-il ? Marie Darzacq, bonjour.
Marie Darzacq : Bonjour André Bercoff.
André Bercoff : Bonjour, vous êtes membre du collectif Stop THT40, ça dit bien ce que ça veut dire. Alors de quoi il s'agit exactement ? Expliquez-nous et pourquoi vous êtes en colère ?
Marie Darzacq : Alors vous l'avez déjà très bien expliqué en fait, nous sommes sur une ligne expérimentale de 400 000 volts, mais surtout d'une puissance de 2000 mégawatts. Cette puissance correspond à la puissance de deux réacteurs nucléaires. Comprenez que ça interroge. Elle va être, comme vous l'avez indiqué, enterrées à un mètre de profondeur sans aucune étude d'impact de santé publique.
André Bercoff : Mais pardon, pardon Marie Larzac, vous êtes sûre, un mètre de profondeur ? Parce que ça ne paraît effectivement rien du tout quoi, enfin...
Marie Darzacq :Exactement, alors ça ne paraît rien du tout, je vais vous donner juste un petit exemple, une petite anecdote. Hier nous avons rencontré un agriculteur qui va avoir le champ, son champ va être traversé par cette ligne, il y a un mètre de profondeur, il y avait la chambre d'agriculture qui avait demandé par mesure de sécurité à ce qu'il y ait une profondeur beaucoup plus importante, voire 5-6 mètres pour éviter l'infraction des engins. Ça a été refusé par le porteur de projet RTE. Par contre, l'exploitant lui a reçu une convention sur laquelle il est mentionné que s'il abîme cette ligne à un mètre de profondeur, il sera responsable et il devra en assumer les conséquences financières.
"Bah attendez, il y a une contradiction là-dedans quand même assez énorme."
André Bercoff : Ah bon ? Vous voyez... Oui. Bah attendez, il y a une contradiction là-dedans quand même assez énorme. C'est-à-dire que l'exploitant se racontait, il serait responsable s'il y a des problèmes, c'est ça ?
Marie Darzacq : Oui, voilà. Alors que RTE refuse d'enterrer plus profondément cette ligne.
André Bercoff : D'accord.
Marie Darzacq : Alors cette ligne, comme vous l'avez indiqué, elle devait passer normalement intégralement avec un tracé sous-marin qui allait Du port à Gatika, en passant le canyon de Capbreton, on appelle ça le Gouff de Capbreton.
André Bercoff : De Capbreton oui.
Marie Darzacq : Malheureusement les experts de RTE qui avaient certifié qu'il n'y avait aucun problème et qu'il était tout à fait franchissable, ils ont d'ailleurs obtenu une subvention énorme pour cet exploit et en 2020 ils nous ont annoncé que maintenant finalement il n'était pas franchissable et que par conséquent il allait y avoir un contournement terrestre qui allait impacter cinq communes. Et c'est à partir de ce moment-là seulement que nous avons été mis au courant. D'accord. Nous nous considérons que c'est un projet qui est écocidaire, qui impacte l'océan, qui impacte nos plages, notre cordon d'une ère, nos forêts, et qui en plus va être dans nos quartiers. C'est quand même assez incroyable, on est sur une ligne expérimentale qui n'a jamais été existée, enfin qui n'existe que d'une expérience.
André Bercoff : Oui, vous voulez dire, je n'allais pas dire on vous prend pour des cobayes, mais c'est une expérience au vrai sens du terme, c'est ça ?
Marie Darzacq : Ah bah complètement, complètement.
"On sait que ce sont des zones qui ont des problématiques de stabilité, où il faut préserver l'écosystème."
André Bercoff : Mais dites-moi, quelle est la couverture, la couverture disons sous terre va être de combien de kilomètres ? Le passage sous terre qui n'est pas justement offshore, vous savez ?
Marie Darzacq :Le contournement terrestre fait 27 kilomètres et impacte cinq communes.
André Bercoff : Cinq communes, donc ça veut dire qu'il vaudra raser des forêts, enfin en tout cas, et ça passe sous des villages, c'est ça, des villages habités ?
Marie Darzacq : Voilà, ça passe dans les quartiers, à moins de 30 mètres des habitations, il va y avoir effectivement une rase au niveau de la commune de Cap-Breton sur la forêt de Bouèbe. On va avoir des dunes qui vont être complètement impactées, on sait à quel point la dune c'est extrêmement sensible, on nous demande constamment de la protéger. On sait que ce sont des zones qui ont des problématiques de stabilité, où il faut préserver l'écosystème, et là vous voyez des engins, on est en train de bitumer à 10 mètres de la dune.
André Bercoff : Parce que les travaux ont commencé ?
Marie Darzacq :Les travaux ont commencé puisque les autorisations ont été données le 29 septembre, oui le 29 septembre, et les travaux ont déjà commencé. Alors il y a des recours qui ont été mis en place, mais des recours n'étant pas suspensifs d'exécution, et fait ces travaux.
André Bercoff : Oui, alors justement attention, parce que s'était un peu haché Marie Darzacq, juste une question, est-ce que beaucoup de gens sont avec vous, est-ce que les habitants des communes s'agitent, ont réagi, ou vous êtes très peu à avoir réagi jusqu'ici ?
Marie Darzacq : Alors il y a toujours effectivement un temps de latence entre l'annonce des décisions et la prise de conscience de la population, actuellement je peux vous dire qu'il y a une réelle mobilisation, et pourquoi est-ce qu'il y a cette mobilisation ? C'est parce que ce projet qui pour nous à nos yeux est écocidaire, il y a ce qu'on appelle une solution alternative, ce n'est pas nous qui l'avons dit, c'est l'autre. (...)