Dans un éditorial publié vendredi soir, le New York Times a décrit Joe Biden comme étant "l'ombre d'un dirigeant" et l'a appelé à se retirer de la course à la Maison-Blanche pour les élections présidentielles de novembre prochain. On en parle avec Stéphane Bureau, journaliste.
Les invités
André Bercoff met en lumière, du lundi au jeudi, un événement d'actualité qui fait polémique. À retrouver sur Sud Radio et en podcast.
Retrouvez ci-dessous la retranscription automatique des 3 premières minutes de votre émission :
"Franchement, on savait où en était Jo Biden, mais à ce point?"
André Bercoff : Dites-moi, c'était quand même... moi j'ai j'ai veillé, j'ai regardé en 3h et 5h du matin, et puis les réactions sur CNN et ailleurs. quand même assez épique. Vous y attendez à ça? Franchement, on savait où en était Jo Biden, mais à ce point?
Stéphane Bureau : La réponse courte, oui. En fait, vous parliez d'un débat remarquable, je pense qu'il est par la surprise feinte ou non, qui a été celle des grands médias américains. Ils soudainement ont pris la mesure des dégâts alors je pense que ça fait des mois, sinon des années, que l'équipe de M. Biden le protège, fait en sorte qu'il n'est jamais exposé, qu'on ne l'entende pas en direct trop souvent. Probablement, dans l'histoire récente de la présidence où il y a eu le moins de conférences de presse, ils ne donnent pas d'entrevues. Et ce débat, en fait, ils n'ont pas tellement eu le choix de le faire parce que la campagne ne va pas très bien. Donc, il se devait de faire un coup de poker. Alors, je ne sais pas qui a conseillé M. Biden de se prêter à l'exercice. évidemment calamiteux, mais il ne peut pas y avoir de surprise. Je reviens à ce que je vous disais tout à l'heure. Ce qui est surprenant, c'est la surprise exprimée dans les médias et je dirais presque la consternation parce que le New York Times et tous les amis traditionnels du Parti démocrate, sinon de Joe Biden, qui disent pour le bien du pays, il ne doit plus se présenter. J'ai vu Biden, j'ai passé du temps avec lui. Il est pile-poil sur tout. Il connaît les nuances de chacun des enjeux importants. Il est à la loupe sur les dossiers. Or, clairement, ce n'est pas le cas. Ce qui s'est passé jeudi, c'était l'irruption du réel dans une campagne où on avait suspendu ce réel.
"Mais dites-moi les démocrates, ils ne sont pas tous complètement lobotomisés ?"
André Bercoff : Oui, mais alors justement, Stéphane Bureau, c'est ça le problème quand même le plus grave. Attendez, moi qui suis très loin, vous qui êtes un peu plus près et puis des millions de gens avaient vu, et pourtant nous ne sommes ni démocrate, ni républicaine, c'est un secret des dieux. Depuis des mois, on a vu, mais des mois, même des années, on a vu Biden murmurer, se tromper. Il y a eu quand même quelques conférences de presse. Il y a eu quand même quelques paroles. Il n'arrivait pas à marcher. On se rappelle quand au quatrième anniversaire des cérémonies du débarquement où il est arrivé, il se cherchait. Il y avait sa femme, Jill Biden, qui était là, qui le traînait pratiquement. Alors, moi la question vraiment qu'on peut se poser, parce que vous dites effectivement l'entourage était là pour le protéger, mais dites-moi les démocrates, ils ne sont pas tous complètement lobotomisés. Ils ne sont pas tous avec le dernier neurone qui se bat avec l'avant-dernier. Ils le voient ça. Si moi je l'ai vu, si vous, vous l'avez vu, si les millions de gens l'ont vu depuis des mois et des années, on ne pense pas à se dire avant, avant d'arriver à cette catastrophe vue par des centaines de millions d'Américains et d'autres, de se dire attendez, on va essayer quand même d'arranger les choses et de le retirer avant. Comment ça se fait? Comment on a pu vivre, enfin vivre, sur quelque chose qui était évident encore une fois Stéphane?
Stéphane Bureau : André Bercoff, vous êtes suffisamment rempli d'expérience pour avoir une intuition sur ce qui s'est passé. Je vais vous rappeler les paroles d'une autre époque, celle des soviétiques, disait ils nous mentent, nous savons qu'ils nous mentent, ils savent que nous savons qu'ils nous mentent. Et on est un peu dans ce registre-là en fait, la capacité de constater le réel et de ce que monsieur Biden n'est peut-être pas au sommet de sa forme, est inversement proportionnelle aux diplômes distribués. C'est-à-dire que plus on est diplômé apparemment, moins on voyait le réel. Paul Krugman, qui est un Nobel d'économie, un columniste dans le New York Times, faisait partie de ceux qui disaient, j'aurais peut-être préféré quelqu'un d'autre, mais j'étais récemment avec Joe, il est en parfait contrôle de tout. (...)