Retranscription des premières minutes du podcast :
- Le Grand Matin Sud Radio, 7h-9h, Jean-Jacques Bourdin.
- Les applications de géolocalisation. De plus en plus de parents choisissent de suivre en temps réel les déplacements de leurs enfants.
- Nous sommes avec Yann Brunat, maître de conférence en sociologie. Vous avez conduit un travail sur le sujet. Yann Brunat, bonjour.
- Bonjour.
- Merci d'être avec nous. Je le disais, de plus en plus de parents choisissent de suivre en temps réel les déplacements de leurs enfants.
- Alors, ces outils rassurent. Est-ce que ces outils apportent une réelle sécurité, Yann Brunat ? Alors, oui, effectivement, ces outils rassurent. J'ai mené une enquête longitudinale sur le sujet depuis à peu près l'année 2014.
- Donc, ça fait plus d'une dizaine d'années. Et déjà en 2014, c'est régulièrement l'argument qui ressortait.
- C'est-à-dire que géolocaliser ses enfants ne provient pas d'une curiosité excessive de la part des parents.
- En tout cas, pas de ceux que j'ai pu interroger.
- Il n'y a pas de volonté manifeste d'être intrusif, d'en savoir toujours plus sur les déplacements et activités des enfants.
- Mais il y a effectivement cette volonté de réassurance qui est très prégnante, notamment dans les sociétés contemporaines, pour tout un ensemble de facteurs.
- Et cette volonté se trouve en partie comblée par cette technologie.
- Parmi d'autres, évidemment, ce n'est pas la seule forme de surveillance, mais c'est une technologie qui permet de la combler.
- Alors, 41% des parents disent faire usage de la géolocalisation pour surveiller.
- Malheureusement, les parents utilisaient la géolocalisation pour Louise, cette pauvre collégienne qui a été assassinée.
- La sécurité, ça ne garantit pas une sécurité, évidemment, une sécurité totale.
- Pas du tout. Cette sécurité est très illusoire parce que, bien sûr, vous pouvez savoir où se trouve un individu en temps réel de manière très précise.
- Mais ça ne le protège en rien, je dirais.
- C'est pour ça que certains parents préfèrent plutôt délimiter des zones qu'ils pensent plutôt sûres dans l'espace urbain.
- Lorsque l'enfant sort, par exemple, de son trajet école-domicile, alors le parent a une notification immédiatement, mais ça ne le protège en rien.
- Ça ne le protège en rien. Et puis, il y a le problème du respect de la vie privée.
- C'est une façon de surveiller, de sans cesse de pister ses enfants.
- Quand un enfant arrive à un certain âge, un certain âge pour l'enfance, ça devient délicat.
- Alors, oui, tout à fait. C'est une problématique qui est assez complexe.
- Et elle est complexe pourquoi ? Parce que certains enfants que j'ai pu interroger ont intériorisé le fait d'être vulnérable dans cet espace urbain qui est aujourd'hui cet espace de l'incertitude.
- Alors, je ne dirais pas de l'insécurité, mais dans tous les cas, de l'incertitude.
- Et par conséquent, ces enfants eux-mêmes déclarent que le fait d'être géolocalisé les rassure.
- Alors, parmi les enfants que j'ai pu interroger, parce que j'ai aussi interrogé des enfants, pas que des parents, la plupart m'ont dit, la plupart des filles m'ont dit que ça les rassurait.
- Ces mêmes jeunes filles...
Transcription générée par IA