Retranscription des premières minutes :
- Sud Radio, ça va mieux en 10 ans, Jean Dorido.
- Bonjour Jean. Bonjour Jean-Marie, bonjour à tous.
- Docteur en psychologie, fondateur de l'application Zenfi et d'HypnoseParis.com.
- Jean, vous revenez sur une étude publiée cette semaine par l'assurance maladie.
- Elle révèle notamment que la majorité des gens qui vont chez un psychologue sont des femmes.
- Alors évidemment, évidemment, la question qu'on va se poser avec vous, c'est pourquoi pas les hommes ? C'est une très bonne question, Jean-Marie, parce qu'il y a ce constat, effectivement, vous l'avez rappelé.
- Et à partir de ce constat, on ne peut faire que des hypothèses.
- En réalité, la première qui vient à l'esprit, évidemment, c'est que l'éducation, certainement, des hommes serait en cause.
- La recherche observe que les enfants ne reçoivent pas le même type d'éducation selon qu'ils sont des petits garçons ou des petites filles.
- Il y aurait chez les hommes un vieux principe indéboulonnable autour de l'idée qu'un homme, un vrai, ça ne doit pas demander de l'aide, ça doit savoir s'en sortir tout seul.
- Cette idée, elle est très toxique, en réalité, parce qu'évidemment, elle est fausse.
- Nous avons besoin les uns des autres, y compris sur le plan de la santé mentale.
- Que vous soyez une femme ou un homme, en fait, ça ne change rien à l'affaire.
- Toutefois, cette hypothèse de l'éducation, elle a malgré tout ses limites, parce qu'il existe depuis toujours, en réalité, des types d'éducation différents.
- On peut en écouter, par exemple, cet extrait de film Les Compères, un film de Francis Weber, date de 1983.
- Il y a Pierre-Richard et Gérard Depardieu qui s'adressent à un adolescent dont ils pensent chacun être le géniteur.
- Ne pleure pas, mon garçon, ne pleure pas quand on est un homme.
- Ne pleure, mon petit, ça te fera du bien.
- Évidemment, ce n'est pas la même manière de leur parler, bien entendu.
- Alors, bon, deux styles diamétralement opposés, mais Jean, si ça ne vient pas de l'éducation, d'où vient cette différence ? Après tout, on a 78% des personnes qui prennent rendez-vous chez un psychologue sur la plateforme Doctolib.
- Et là, ce sont des femmes.
- 78%, c'est-à-dire 8 sur 10, quand même.
- Oui, oui, c'est absolument énorme, vous avez raison.
- Alors, ce qu'on peut envisager, c'est qu'au-delà de l'éducation, il y a ce qu'on appelle en psychologie, précisément, les normes sociales.
- Elles agissent, en fait, à notre insu.
- Elles sont comme de puissantes injonctions auxquelles il est nécessaire et même obligatoire de s'en conformer.
- Elles jouent, si vous voulez, ces normes sociales, dans le fond, comme le rôle de principe éducatif, mais à l'échelle de la collectivité tout entière.
- Typiquement, dans ce film Les Compères, le rôle joué par Depardieu, c'est celui d'un type qui fonce, qui réussit tout ce qu'il entreprend.
- Mascu.
- Voilà, exactement, si on peut dire ça comme ça aujourd'hui.
- Là où celui de Pierre Richard, ça décrit un homme fragile, naïf.
- Et d'une certaine façon, on peut dire que le rôle du premier, c'est lui qui est mis en valeur, en fait.
- Alors, d'accord, Jean, mais les normes sociales obligent les hommes à être forts, en tout cas, à se montrer comme tels, à chercher à s'en sortir tout seul.
- Est-ce que, dans le fond, c'est grave ? Alors, oui. On ne va pas se casser le moral un samedi matin, Jean-Marie.
- Oui, oui, bien sûr, c'est grave.
- Parce que, si vous voulez, la santé mentale, c'est important de le rappeler, c'est une affaire de professionnels.
- Et bien, des hommes qui cherchent à s'en sortir, effectivement, tout seul, eh bien, ils tombent la tête la première dans les pièges des solutions illusoires.
- Alcool, drogue, conduite à risque, les exemples, hélas, ne manquent pas.
- Sur la seule consommation de drogue, vous avez des hommes qui sont surreprésentés, deux fois plus d'hommes consommateurs que de femmes, en termes de stupéfiants.
- Et à l'arrivée, les conséquences, eh bien, elles sont dramatiques.
- Chez les hommes de 25-34 ans en France, la première cause de mort, c'est le suicide.
- Et toute classe d'âge confondue, eh bien, vous avez trois fois et demi plus d'hommes que de femmes en France qui se suicident.
- Oui, effectivement, Jean, ça c'est dramatique.
- Est-ce...
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