Retranscription des premières minutes :
- Le Grand Matin Sud Radio, 7h-9h, Jean-Jacques Bourdin.
- Il est 7h13, Maître Delphine Meillet, bonjour.
- Bonjour.
- Vous êtes l'avocate des parents d'Evaël.
- Alors je rappelle rapidement les faits, vous me corrigez si je dis des bêtises.
- Evaël était une collégienne de 11 ans qui s'est suicidée dans sa chambre, la chambre familiale, la chambre chez ses parents, à Herblay-sur-Seine, dans le Val-d'Oise, le 21 juin 2019.
- C'était à la fin de son année de sixième.
- Et au cours de cette année, elle avait une enseignante.
- Et elle se plaignait de harcèlement de la part de cette enseignante qui s'est retrouvée au tribunal hier.
- Cette enseignante a été relaxée.
- Injustice pour les parents, évidemment.
- Je lis ce qu'a déclaré la mère d'Evaël, Marie-Édouard Puy.
- Je suis dans l'incompréhension totale.
- J'imagine que vous aussi, Delphine Meillet.
- Absolument.
- Cette décision est intolérable.
- C'est une décision qui insulte les enfants.
- Vous avez un certain nombre de témoignages, pour ne pas dire 30 sur 120 élèves de sixième que cette professeure avait en cours, qui ont témoigné pour raconter l'humiliation dont étaient victimes Evaël et les deux autres enfants pour lesquels cette professeure a été renvoyée.
- Les humiliations constantes.
- Et ce n'était pas un fait nouveau.
- Puisque depuis des années et des années, elle humiliait un certain nombre d'élèves.
- Il se trouve que la décision nous indique que ces témoignages ne sont pas concordants, sont parfois contradictoires, et que de ce fait, on ne peut pas les retenir.
- Écoutez, il s'agit d'enfants de 11 ans qui ont témoigné de ce qu'ils avaient vu avec leurs mots.
- On leur reproche l'émotion.
- Ça aussi, c'est dans la décision.
- On leur reproche.
- On les traite tout à fait tous cohérents, évidemment.
- On les traite comme des adultes.
- On a méprisé Evaël.
- Et c'est la raison pour laquelle, une des raisons pour laquelle, elle s'est suicidée.
- Et bien là, on l'insulte à nouveau.
- Je vous assure, c'est une insulte à la parole des enfants.
- Et lorsque on nous dit aujourd'hui victime, je te crois, on ne nous dit pas enfant, je te crois.
- Pourquoi ? Ça veut dire que la parole des enfants...
- L'enfant est toujours négligée.
- Absolument.
- Là, si vous voulez, vous avez dans cette décision les stigmates d'outreau.
- Vous vous souvenez de l'affaire d'outreau ? Bien sûr.
- L'affaire d'outreau, elle a posé la question de la parole de l'enfant qui a été remise en question puisqu'un certain nombre mentait, d'autres non.
- C'est évidemment possible.
- Mais là, vous avez une masse d'enfants qui disent tous la même chose.
- Vous avez une petite fille qui a mis fin à ses jours à l'âge de 11 ans.
- Elle s'est suicidée à l'âge de 11 ans.
- Notamment à cause de cette professeure.
- Eh bien, néanmoins, on lui dit, je ne te crois pas.
- Que faut-il pour qu'on la croit ? Je ne te crois pas.
- Elle s'est suicidée, elle avait 11 ans.
- Elle avait 11 ans.
- Donc, c'est le parquet qui va faire appel au pénal, puisque c'est comme ça que ça se passe.
- Et vous, vous faites appel en civil.
- Absolument.
- Au civil.
- Bien.
- On en parlait juste avant l'interview.
- Vous avez vu la série Adolescence ? Absolument.
- Et moi aussi, je l'ai vue.
- Et là encore, la parole de l'enfant...
- Cette série tourne autour de la parole de l'enfant, évidemment.
- Elle est d'ailleurs, je conseille à toutes celles et ceux qui ne l'ont pas vue, de la visionner parce que c'est exceptionnel.
- Oui.
- Pourquoi ça n'évolue pas ? Pourquoi est-ce qu'on ne prend toujours pas en compte la parole des enfants ? Écoutez, là, il y a une réticence claire.
- On traite les enfants comme si c'était des adultes.
- C'est une insulte.
- C'est une insulte qu'on leur fait.
- Et c'est une insulte également à l'égard de l'éducation nationale.
- Oui.
- On doit...
- Les parents, les enfants, doivent arriver dans un territoire de confiance.
- On va en cours, on doit avoir confiance.
- Là, cette décision, elle remet en question la confiance que les parents peuvent avoir ou les enfants peuvent avoir à l'égard de leur professeur.
- Oui.
- La justice a cautionné le comportement de la professeure ? On peut dire les choses comme ça.
- On a estimé qu'elle faisait...
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