Retranscription des premières minutes du podcast :
- En toute vérité, chaque dimanche entre 11h et midi sur Sud Radio, sécurité, économie numérique, immigration, écologie, pendant une heure chaque semaine nous débattons sans tabou des grands enjeux pour la France d'aujourd'hui et de demain.
- Cette semaine nous avons le plaisir de recevoir l'historien spécialiste du Maghreb, Pierre Vermeuren, il est notamment auteur d'une histoire contemporaine de l'Algérie.
- Nous recevons également l'essayiste Fergan Asiari. Alors que l'écrivain Boilem Sansal est toujours l'otage du régime algérien et que la tension monte entre Paris et Alger sur fond de refus du pouvoir algérien de reprendre ses ressortissants sous OQTF, nous parlerons de la relation toujours complexe entre la France et l'Algérie. La guerre d'Algérie est-elle vraiment finie ? Comment expliquer tant de haine ? Est-ce le passé colonial qui ne passe pas ? Faut-il démanteler les accords de 1968 ? Une réconciliation est-elle possible ? Tout de suite les réponses de Pierre Vermeuren et Fergan Asiari en Toute Vérité.
- En Toute Vérité sur Sud Radio, Alexandre Devicchio.
- Pierre Vermeuren, Fergan Asiari, bonjour.
- Bonjour.
- Ravi de vous recevoir ce dimanche pour discuter pendant une heure de la relation franco-algérienne, une relation profondément complexe. On a parfois le sentiment que la guerre d'Algérie n'est toujours pas terminée.
- On est en pleine guerre mémorielle avec l'Algérie. On va parler profondément du sujet, mais je voulais commencer avec vous, Fergan Asiari, sur quelque chose d'assez anecdotique. Mais tout de même, Jean-Michel Apathy s'est positionné sur cette question.
- En expliquant que les Français avaient inspiré le nazisme par leur action en Algérie, disant qu'ils avaient fait de nombreux oradors sur glane. Vous lui avez répondu dans les colonnes du Figaro.
- D'ailleurs, Pierre Vermeuren aussi. Vous expliquiez notamment que l'arrivée de la France avait été un moment d'émancipation pour les Juifs.
- Oui, c'est toute la limite de cette comparaison hasardeuse entre nazisme et colonisation française.
- Alors évidemment, on ne va pas minorer la violence de la conquête française en elle-même, qui fut un épisode évidemment brutal, qui a été sans doute le terreau de crimes, de guerres, qui d'ailleurs était parfois dénoncé en métropole.
- Il faut se souvenir que les fameuses enfumades ont été dénoncées au Parlement français par une presse française et européenne.
- Toutefois, effectivement, a nazifié toutes les atrocités.
- C'est un épisode tragique. On dilue la spécificité du nazisme, on dilue la spécificité de ce que fut la présence coloniale française, les idéologies en jeu, ses contradictions aussi.
- Et puis surtout, on ne permet pas de rendre compte de l'impact de cette colonisation française sur certains segments de la population algérienne.
- Et pour ce qui est par exemple des Juifs, puisque le nazisme et le judaïsme sont quand même deux choses qui sont liées assez tragiquement, il faut se souvenir que les Juifs d'Algérie...
- Le deuil plutôt, la France en libératrice, pour une raison très simple, c'est que les Juifs, depuis les conquêtes arabes, étaient astreints au statut de la dhimma, qui était un statut codifié par la jurisprudence islamique, qui assignait les infidèles un statut inférieur, avec des multiples discriminations économiques, sociales, fiscales, interdiction de posséder de la terre, de monter à cheval, d'avoir des armes, etc.
- Et l'arrivée de la France, de ce point de vue-là, effectivement, est une libération pour des Israélites qui avaient subi toutes sortes d'exactions avant.
- L'arrivée de la France, et pour la première fois depuis les conquêtes arabes, Juifs et musulmans sont sur un pied d'égalité avant que les premiers n'accèdent à la citoyenneté française.
- Quelques décennies plus tard, avec le décret Crémieux, et en 130 ans de présence française, la population juive va être multipliée par 8 environ.
- Et je ne suis pas certain, donc, que le Troisième Reich puisse se targuer d'un tel bilan à l'égard de la démographie juive.
- De manière assez iconoclaste aussi, vous vous rappelez que la France, abolie l'esclavage en Algérie.
- La situation des Noirs, pour être très concret, en Algérie n'était pas très bonne.
- Tout à fait, c'est-à-dire que l'esclavage est une institution qui a été universelle.
- Évidemment qu'aucune civilisation n'a le monopole de l'esclavage.
- La seule différence entre l'Orient, enfin l'une des rares différences entre l'Orient et l'Occident, c'est que là où l'abolition de l'esclavage en Occident a...
Transcription générée par IA