Frédéric Mittérand est venu présenter son livre "1938, l’œil du cyclone" (Éditions Xo).
Frédéric Mittérand : "J'ai pu voir la difficulté d’exercer le pouvoir"
"Ayant été ministre, j’ai pu voir la difficulté d’exercer le pouvoir. Et ces difficultés ont été telles que cela m’a fait réfléchir aux raisons pour lesquelles ces difficultés étaient telles avant la guerre que la France n’a pas pu se ressaisir à temps. Elle s’est ressaisie, contrairement à ce qu’on dit. Après la guerre, la France s’est ressaisie, s’est réarmée et s’est remise au travail, mais c’était trop tard.
Il y avait un bloc hostile, il n’y avait pas uniquement l’Allemagne. Il y avait aussi l’Italie. Mon livre se passe sur trois jours, trois jours de visite insensée de Ribbentrop, qui était le chien courant d’Hitler, qui, trois mois avant Munich et six mois avant la guerre, vient à Paris pour signer un traité de bon voisinage. C’était un événement historique, or, il est passé quasiment inaperçu. Il était filmé, il y a beaucoup d’images. C’est le moment de départ de toutes ces lâchetés, du déni. Je me passionne toujours pour la question du courage en politique. Et ce livre est une réflexion sur l’idée du courage. Parce que des gens lucides, il y en avait. Des gens pourris, il y en avait. On allait d’ailleurs tous les retrouver à Vichy ensuite. Des gens frivoles et inconscients, il y en avait plein ", a raconté Frédéric Mitterrand.
"C’est toujours le problème des démocraties : elles sont trop lentes à l’allumage"
"Ce livre est assez gaulliste. On s’aperçoit que parmi le petit nombre de ceux qui disaient que tout ça était une forfaiture et que c’était impossible de continuer dans cette voie-là, il y avait ce colonel de tank à Metz qui, contrairement à ce qu’on a dit ensuite et à la légende qui a contribué à le forger, n’était pas si seul que ça. Il était très écouté, très lu et aussi très détesté à cause de ça. En 1940, il y a eu une semaine invraisemblable où, au gouvernement, il y avait à la fois Pétain et de Gaulle. Mais c’était trop tard. C’est toujours le problème des démocraties : elles sont trop lentes à l’allumage. Les dictateurs ont un autre logiciel, un autre scénario", a poursuivi Frédéric Mittérand.
Est-ce aussi le problème de Vladimir Poutine ? "Poutine a un logiciel différent. Il fonctionne encore avec les principes de la guerre froide voire même de la guerre de 1939-1945. Fou d’une certaine manière parce qu’il veut forcer l’histoire, plier le monde à ses fantasmes."
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