Retranscription des premières minutes :
- « AGP, association d'assurés engagés et responsables, présente Sud Radio, le grand matin week-end. La force de l'engagement, Muriel Reus. » Bonjour à toutes et à tous. Ce matin, j'ai le plaisir de recevoir Isabelle Romme, magistrate, ancienne ministre à l'égalité entre les femmes et les hommes.
- Aujourd'hui ambassadrice pour les droits de l'homme, elle vient de publier « Jouer ou tuer, la fabrique d'un féminicide » aux éditions Michelon.
- « Avant d'ouvrir le dialogue, je vous propose, comme chaque dimanche, de prendre un temps de recul, de conviction et de nous engager ce matin pour le devoir de mémoire.
- Pas celui qu'on commémore une fois par an, pas celui qui reste enfermé dans les livres d'histoire, mais celui qu'on porte, qu'on transmet, qu'on incarne, celui qu'on inscrit dans les corps, les récits, les silences.
- L'histoire nous l'a appris. Ce qui rend les crimes possibles, ce n'est pas seulement la haine, c'est ce qu'il y a avant, l'aveuglement, le doute, le déni.
- Ce moment où on choisit de ne pas voir, ce moment où on entend, mais on ne croit pas.
- Ce moment où on sait, mais où on ne dit rien.
- Redire la mémoire des femmes.
- Ouda Acharavi, première féministe égyptienne, a retiré publiquement son voile en 1923.
- Victoria Amelina, écrivaine ukrainienne, morte pour avoir documenté les crimes russes.
- Masha Amini, arrêtée pour port de voile inappropriée, morte à 22 ans en détention en Iran.
- Marielle Franco, conseillère municipale, noire, brésilienne, féministe, LGBT, assassinée.
- Narges Mohammadi, prix Nobel de la paix 2023, condamnée à plus de 36 ans de prison et à 145 coups de fouet, toujours emprisonnée en Iran, pour avoir dénoncé l'apartheid de genre.
- Varisheh Mohadi, militante kurde, condamnée à mort en novembre 2024 pour rébellion armée contre l'État.
- Natalia Estemirova, journaliste tchétchène, enlevée et assassinée pour avoir dénoncé les élections dans son pays.
- Et tant d'autres, tant d'autres femmes partout dans le monde.
- Redire la mémoire des spoliations.
- Individuelles, familiales, culturelles, souvent silencieuses, rarement réparées.
- Redire la mémoire des crimes sans nom.
- Les viols de guerre en Bosnie, en République démocratique du Congo.
- Les disparus d'Amérique latine.
- Les femmes autochtones au Canada.
- Les mères de Shrebrenica en Bosnie, qui pleurent toujours leur mari, leur frère, leur fils du génocide de 1995.
- Les femmes yaïdis, enlevées, violées, vendues par Daesh.
- Les camps de rééducation où des milliers de femmes, hougoures, sont internées et soumises à des avortements forcés en Chine.
- Les dizaines de milliers de femmes coréennes, chinoises, philippines, réduites à l'esclavage sexuel pendant la seconde guerre mondiale.
- Les déplacements forcés à Gaza, en Cisjordanie, les pogroms du 7 octobre.
- Et tous les féminicides non nommés, non reconnus, partout dans le monde.
- Ce souvenir n'est pas une option.
- On peut tuer avec des armes, mais on peut aussi résister avec des mots, des archives, des récits.
- L'oubli est une arme, la mémoire est un acte de résistance.
- Ce matin, je reçois Isabelle Romm, magistrate, ancienne ministre déléguée à l'égalité entre les femmes et les hommes.
- Aujourd'hui, ambassadrice pour les droits de l'homme.
- Merci Isabelle d'avoir accepté mon invitation.
- Alors, vous publiez « Jouer ou tuer ? La fabrique d'un féminicide » aux éditions Michalon.
- Un récit qui revient sur un féminicide survenu en 2016 et sur les engrenages institutionnels, psychologiques, judiciaires qui ont rendu ce crime possible.
- Alors, pourquoi ce livre aujourd'hui ? Merci chère Muriel Reus de m'inviter.
- Merci pour ce très bel édito sur la mémoire.
- Parce que oui, ce souvenir s'est résisté.
- S'est résisté.
- À l'oubli, à l'indifférence, être toujours dans le combat.
- Et si j'ai souhaité écrire ce livre aujourd'hui, alors que je ne suis plus juge, déjà depuis quelques années, même si j'ai fait un bref retour à la cour d'appel de Versailles, c'était aussi pour mettre ce souvenir de toutes ces femmes que j'ai croisées, que j'ai vues à la barre comme juge d'instruction ou comme présidente de cour d'assises ou que je n'ai pas vues.
- Parce que c'était trop tard.
- Donc ça, c'était peut-être la première chose.
- Mais c'était aussi pour faire part d'un sentiment plus personnel que peut-être je peux me permettre aujourd'hui d'exprimer et de montrer comment le juge se bat et entretient un corps à...
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